
La manifestation, qui devait être pacifique, ne l’a finalement pas été. (©Gilles Augereau)
Angers était habituée à des samedis plus calmes depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Hier, pour l’acte X ,dont Angers était le point de rassemblement du Grand Ouest, la préfecture avait pris quelques mesures, comme l’interdiction de manifester en centre-ville. Les 2500 manifestants ont finalement réussi à prendre d’assaut la place du Ralliement avant que la manifestation ne dérape.
Des dégâts matériels
En début d’après-midi, les cortèges, contenus par les forces de l’ordre, défilaient calmement mais la journée s’est terminée par plusieurs incendies et dégradations sur le chantier du tramway, et quelques affrontements avec les gendarmes.
Hier soir, le bilan de la préfecture était de sept blessés, dont quatre forces de l’ordre, et quatre interpellations. La Banque de France n’a pas été épargnée, les casseurs ont mis le feu aux grilles, détruits les caméras et caillassé les vitres.
Le maire d’Angers, Christophe Béchu, a fait savoir sa « colère ».
En restant présents aux côtés des casseurs, et donc en se montrant publiquement solidaires d’eux, les Gilets jaunes se sont discrédités. »
Et des gestes pacifiques

Devant une banque calfeutrée, à l’angle du Boulevard Foch à Angers, une chaîne humaine s’est formée pour protéger les forces de l’ordre. (©Gilles Augereau)
Alors oui, beaucoup de manifestants n’ont pas empêché les casseurs de dégrader les chantiers du centre-ville, mais la plupart des manifestants n’a pas participé à ces actions. En fin d’après-midi, la majorité des Gilets jaunes ayant manifesté avait quitté les lieux.
Une petite partie des Gilets jaunes a tenté de réparer les dégâts que provoquaient les casseurs, et certains les ont en dissuadé. Par exemple, à l’angle du boulevard Foch et de la rue St Aubin, les forces de l’ordre étaient positionnées devant une banque, encerclées par les manifestants. Certains d’entre-eux ont voulu s’en prendre aux gendarmes. Une chaîne humaine s’est alors formée pour protéger les militaires.
Lorsque le cortège était encore pacifique, la musique résonnait à certains endroits. Place du Pilori, une ronde s’est formée pour danser dans la joie.
Qui a cassé ?

Les casseurs sont des habitués des manifestations et ont des techniques bien rodés. (©Gilles Augereau)
Les dégradations ont été commises par plusieurs types de personnes. Ceux qui ont entraîné les autres sont de véritables casseurs, habitués des manifestations. Ils participent souvent aux manifestations à Rennes ou à Nantes. Hier, ils guidaient les opérations – parfois complètement désorganisée et chaotique- et étaient équipés pour certains d’un léger arsenal conçu pour un véritable affrontement.
Ces derniers ont incité certains Gilets jaunes à les aider. Quelques-uns participaient à l’allumage des incendies, poussaient les feux tricolores provisoires sur le chantier du tram. Et puis, au fur et à mesure, des bandes de jeunes angevins se sont mêlées aux heurts.
Le boulevard Bessonneau et la place Pierre Mendes France se sont transformés en champ de bataille, opposant casseurs et forces de l’ordre. Des manifestants pacifiques étaient encore présents, au milieu de ce chaos. Les pompiers sont intervenus à plusieurs reprises, pendant que les forces de l’ordre essayaient de reprendre le contrôle de la situation à coups de grenades lacrymogènes et quelques tirs de flash-ball.
Une manifestation sous-estimée ?

Sur la place Leclerc à Angers, les bombes lacrymogènes sont tombées en grand nombre pour tenter de stopper les casseurs et pour disperser les manifestants. (©Gilles Augereau)
La préfecture avait interdit les manifestations en centre-ville. Certains banques et enseignes avaient été calfeutrées comme le McDonald boulevard Foch, fermé et protégé par trois agents de sécurité.
En pleine période de soldes, beaucoup de commerces étaient tout de même restés ouverts malgré l’annonce de l’acte X à Angers. De nombreux acheteurs se sont retrouvés entre manifestants et les forces de police, descendant de manière assez innocente la rue d’Alsace.
Les 2500 manifestants, en se séparant en plusieurs cortèges, ont réussi à déjouer la stratégie des gendarmes et « se sont emparés » de la place du Ralliement, obligeant les forces de l’ordre à se replier.
Avant la manifestation, Jean-Marc Verchère, adjoint au maire en charge de la voirie, indiquait au Ouest-France.
On enlève ce vendredi soir tous les engins de travaux publics. Et on a demandé aux entreprises qui interviennent de passer une heure ou deux en fin de journée pour ranger au maximum tout ce qui peut traîner. Quant aux barrières métalliques, qui entourent les chantiers, les fixations sont resserrées au maximum. »
Des mesures qui n’ont pas été suffisantes mais il faut reconnaître que la situation était compliquée à gérer: soit privilégier la sécurité des automobilistes et des piétons avec la signalisation et barrières des travaux ; soit tout enlever mais risquer un accident de circulation ou piéton.
Le choix de laisser les barrières et de les renforcer a été fait, casseurs et manifestants s’en sont servis pour créer des barricades et des incendies. Signe peut-être qu’à Angers, on ne s’attendait pas à tant de violences !