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« Nous sommes 22 auteurs, tous de gauche, qui avons collaboré pour tuer des leaders de la gauche ». Rassurez-vous, Antoine Blocier ne confesse pas des crimes, et ne les prémédite encore moins. Il ne s’agit là que de fiction ! L’écrivain Pontellois de 61 ans – ancien élu de la Ville, militant communiste et actuel directeur général des services de la ville de Nangis – récidive juste avec un nouveau livre.
Antoine Blocier, auteur diversifié
Antoine Blocier n’en est pas à son premier livre. En tout, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, il en a écrit une quinzaine. Les sujets et genres sont nombreux : SDF, Roms, ésotérisme et Templiers, musique et politique. Le polar est pour lui un plaisir tout particulier. Tout comme la politique qu’il aborde souvent, comme dans sa première œuvre Vol au-dessus d’un nid de cocos (Baleine) ou encore dans Voyage à Sarzoland (Le Temps des Cerises). Il travaille actuellement sur un nouveau polar qui se passe dans la station spatiale internationale.
Crimes signés 49-3
Dans Mortelles Primaires, lui et 21 confrères adeptes de polars, ont imaginé des histoires qui s’inscrivent dans la réalité. Dans celles-ci, les grandes figures de la gauche sont exterminées par un tueur en série qui signe ses crimes d’un mystérieux 49-3. Abattu d’une balle ou encore victime d’un accident de plongée, les candidats d’une fictive primaire de la gauche sont mis en scène d’une manière qui ne les avantage pas vraiment.
Ce livre est écrit sous la forme de 22 nouvelles. Chaque auteur s’est occupé personnellement d’une personnalité emblématique. Presque tous y passent : Manuel Valls, François Hollande, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot, Lionel Jospin, Daniel Cohn-Bendit, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Marisol Touraine, Clémentine Autain, Jean-Pierre Chevènement, Gérard Filoche, Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Christiane Taubira, Stéphane Le Foll, Pierre Laurent, Martine Aubry, Bernard Cazeneuve et Myriam El Komhri.
« 3e ou 4e degré »
« L’idée à germer au printemps. J’ai été sollicité par un ami pour participer à la rédaction. On s’est dit que puisque beaucoup de candidats potentiels de gauche semblent chercher à s’entretuer politiquement, nous allions nous en occuper nous-même », explique Antoine Blocier. Et de prévenir : « Ce livre a été écrit au 3e ou 4e degré. Il doit donc être lu de la même manière. Les histoires ne sont pas liées entre elles. Mais la signature du crime avec le 49-3 est le dénominateur commun ».
Ce dernier point est d’ailleurs la pilule qui a eu du mal à passer pour ces écrivains engagés qui ont répliqué avec Mortelles Primaires.
L’auteur Pontellois s’est chargé du cas de François Hollande avec une nouvelle intitulée Moi, président, véritable plaidoyer contre son comportement et ses agissements. « Je voulais à la base trucider quelqu’un de ma famille politique, c’est beaucoup plus drôle comme ça, mais on m’a donné le président. Son mandat a souvent été résumé en deux choses : ses déboires amoureux et la pluie. Je suis donc parti de ça pour écrire ma nouvelle qui se passe pendant l’Euro de football. »
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Drôle, mordant et politique
À la lecture de ce livre, on prend grand plaisir (un peu coupable certes) à voir ces personnalités politiques ainsi malmenées. L’ironie et les clins d’œil sont omniprésents. Emmanuel Macron, par exemple, se retrouve à un bal masqué déguisé en ouvrier. Une façon mordante de mettre en scène l’ancien ministre de l’Économie qui a été banquier d’affaires. Plus incongru, Myriam El Khomri est victime d’une tentative d’assassinat par écrasement sous une pile du code du travail. Le clin d’œil est évident pour celle qui a porté la réforme controversée (c’est un euphémisme) du code du travail.
C’est cet engagement, cette critique voilée à travers une mise en scène décapante qui caractérise ce livre. Et c’est ce qui a séduit Antoine Blocier qui confesse un malin plaisir dans cet exercice. « Même si c’est drôle, je n’écris jamais pour ne rien dire », insiste-t-il.
Mortelles Primaires, éditions Arcane 17 – 20 €.