
Les commerçants sont durement touchés par les manifestations régulières en centre-ville de Toulouse. Mercredi 5 décembre 2018, le marché de Noël a été contraint de fermer, à nouveau. (©N.D. / Actu Toulouse)
Chaque jour, depuis samedi 1er décembre 2018, le marché de Noël de Toulouse vit au rythme des manifestations du centre-ville, contraint de fermer ses portes sans prévenir, dans la précipitation. Mercredi 5 décembre, alors que les lycéens se mobilisaient dans l’hyper-centre, les forces de l’ordre ont chargé les manifestants sur la place du Capitole, devant les commerçants « qui avaient été obligés de tout ranger », à peine « dix minutes plus tôt« .
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Des affrontements sous le nez des commerces
Cela sentait bon l’arôme sucré du pain d’épice entre les stands du marché de Noël… Mais bien peu de Toulousains étaient venus en profiter, mercredi après-midi. Deux heures plus tôt, les CRS couraient après les manifestants à quelques mètres de là. Et le marché fermait pendant une heure.
Caroline, une commerçante, raconte :
On les a vus charger, juste en face de nous. Un peu avant, les gens de la sécurité sont venus nous dire de fermer. C’est arrivé tous les jours, depuis samedi (1er décembre 2018).
« Pour samedi, on craint le pire »
En plus de devoir baisser les rideaux de manière imprévue à toute heure de la journée, les commerçants craignent par-dessus tout les affluences du week-end. Le stand de foie gras, de magret et de cassoulet de Caroline en pâtit gravement :
Une grosse partie de notre chiffre d’affaires est concentrée le week-end. Si on ferme à ce moment-là, on perd tout. On n’en veut à personne, sauf aux casseurs, car les gens ont le droit de manifester. Mais pour samedi prochain, on craint le pire.
Elle s’attend donc à une grosse perte de chiffre d’affaires. Depuis les violents affrontements de quelques gilets jaunes avec les forces de l’ordre, samedi 1er décembre, ainsi que les mobilisations lycéennes et étudiantes les jours qui ont suivi, le marché de Noël n’aura pas connu un jour sans une fermeture inattendue.
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50 % de pertes cette année, selon un commerçant
« Les gens commencent à avoir peur de se rendre en centre-ville », constate un autre commerçant, derrière son stand de macarons, habitué des lieux depuis une dizaine d’années. Il évoque une perte de 50 % de son chiffre d’affaires par rapport à d’habitude, si il est obligé de fermer les samedis. « La préfecture doit nous tenir au courant, si le marché de Noël sera ouvert ou non, ce week-end. Mais on n’a pas trop d’espoir ».
Sera-t-il ouvert samedi ?
Contactée par Actu Toulouse, la préfecture indique « qu’aucune décision a été prise pour l’instant le maintien ou non du Marché de Noël samedi ». Mais en cas de manifestation, les chances pour que l’événement ferme ses portes à nouveau est très forte.
Aussi une baisse d’influence
Lorsque le marché doit fermer, les commerçants expliquent alors rester près de leur stand. « On n’est pas obligé », explique l’un d’entre eux, « mais on espère juste pouvoir rouvrir le plus vite possible ». Et ces fermetures intempestives impactent grandement l’affluence, qui peine à chaque fois à se relancer. Mercredi après-midi, deux heures après la réouverture, les allées du marché étaient très clairsemées.
Les terrasses des restaurants et des bars, tout autour du marché, subissent également cette situation, et peinent parfois à accueillir les clients :




Certains soutiennent le mouvement des gilets jaunes
Entre les cahutes du marché de Noël, certains sont tout de même près à soutenir la cause des manifestants, notamment des gilets jaunes. Ce commerçant, qui préfère rester anonyme, est « conscient de perdre de l’argent », mais « accepte que des gens aient des valeurs à défendre, face à une forme de violence politique et sociale ». Il ajoute :
Après, je comprends que cela soit difficile pour beaucoup de monde, surtout pour ceux qui occupent un stand de nourriture, et qui se lèvent en plus à 6 heures du matin. Si il n’y a personne pour consommer, les produits partent à la poubelle, et c’est un énorme manque à gagner. Mais il y a des gens qui sont désespérés, dehors, et qui sont obligés d’hurler dans la rue.
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Nicolas Drusian