
Pour lutter contre le désert médical qui gagne l’Orne, le Département travaille sur un pré-pôle composé de médecins généralistes, d’une infirmière et d’une secrétaire : « Il faut déléguer certaines tâches du médecin et pouvoir dire aux jeunes : Venez exercer ici, on vous organise tout ! » (©Actu.fr)
Au Conseil départemental de l’Orne, « on prépare les Pôles libéraux de santé ambulatoire (PLSA) mais pas avec quelque chose de concurrentiel ! », prévient d’emblée Raymond Henry, chargé de mission à la cellule démographie médicale du Département.
5,7 médecins pour 10 000 Ornais
Ils sont plusieurs à plancher sur ce sujet depuis de longs mois. « Ça m’embêtait de quitter le Samu avec ce constat de démographie médicale en baisse. Il y a ce challenge qui vaut le coup d’être relevé », souligne l’ancien patron des Urgences du centre hospitalier d’Alençon, chiffres à l’appui.
« Dans 5 ans si rien ne change, on passera de 179 médecins généralistes à 117 pour un peu moins de 290 000 habitants dans l’Orne ! Une catastrophe ! »
Avec 57 généralistes pour 100 000 habitants, soit encore 5,7 pour 10 000, « l’Orne figure parmi les chiffres les plus bas ! » Les mieux dotés, en France, ayant un ratio de 12 pour 10 000.
« Et les généralistes ne sont pas les seuls concernés dans l’Orne ! Il y a aussi les spécialistes et les dentistes ».
Pour freiner cette hémorragie, la solution consiste, selon l’ancien médecin, à « réinventer et créer » la médecine, et plus encore son exercice, dans ce département rural qu’est l’Orne.
Il travaille donc (avec d’autres personnes) sur la création d’un « pré-pôle » au Conseil départemental de l’Orne. Une antichambre en somme.
« L’idée, c’est de faire gagner un maximum de temps médical au médecin, pour être attractif aux yeux des jeunes, et d’offrir plus d’accès aux patients qui n’ont pas de traitements ».
En simplifiant le système médical. « Le médecin doit être au service d’une équipe, avec une infirmière et une secrétaire ». Mais pas seulement : un staff de libéraux et de médecins retraités actifs pourrait leur venir en appui, dans la prise en charge des patients.
« Il faut de la régulation, effectuer un tri entre l’urgence et l’accès aux soins. Et cela nécessite une coordination des ressources médicales ». Coordination d’autant plus difficile en médecine libérale qu’elle est « individuelle et que chaque médecin libéral se pense indépendant ».
« Venez exercer ici, on vous organise tout ! »
La priorité, pour le Dr Henry, c’est « d’enlever de la consultation », tout ce qui freine le temps purement médical.
« Il faut un parcours du patient facilité. Un diagnostic infirmier en amont de la visite, par exemple, permettrait de cibler l’interrogatoire du médecin sur le problème du moment. Il lui faut une délégation de tâches, comme le renouvellement d’ordonnances aussi. On a des idées et un panel de prospectives à faire pour faire en sorte que les jeunes médecins s’installent dans l’Orne et surtout pour qu’ils y exercent. Il faut pouvoir venir leur dire : Venez, on vous organise tout ! »
Ce pré-pôle du Conseil Départemental de l’Orne, « qui permettrait ensuite aux médecins de migrer vers les pôles de la CUA », pourrait être effectif dès le mois de février 2019.