À Nozay (Loire-Atlantique), Claire Théveniau, présidente de la Communauté de communes et le maire Jean-Claude Provost dénoncent avec force le projet de fermeture de leurs deux centres de formations agricoles. (©L’Éclaireur)
Vendredi 25 janvier 2019, c’est à un point presse inhabituel et très matinal que la présidente de la Communauté de communes de Nozay (CCN), Claire Théveniau, a invité les médias locaux.
Accompagnée du vice-président et maire de Nozay (Loire-Atlantique) Jean-Claude Provost, elle souhaitait ainsi faire connaître leur colère vis-à-vis de la Région Pays de la Loire et de la Chambre d’agriculture.
« On a été pris pour des imbéciles »
Le Conseil régional a en effet annoncé aux élus de cette communauté de communes, le 16 janvier dernier, ces informations concernant les deux centres de formations agricoles de Nozay :
La fermeture, à très court terme, du CFA agricole de Jules Rieffel basé à Nozay. À la rentrée prochaine, les apprentis du CFA seront accueillis dans des préfabriqués sur le site de la Chambre d’agriculture de la Tardivière (Nozay). À l’horizon un ou deux ans, le CFA sera intégré à l’établissement Nantes Terre Atlantique à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) ; et le site de la Tardivière disparaîtra pour être regroupé sur celui de la ferme expérimentale de Derval (Loire-Atlantique). »
La présidente de la Communauté de communes de Nozay Claire Théveniau et le maire de Nozay Jean-Claude Provost expriment leur colère face à la décision de la Région et de la Chambre d'Agriculture de délocaliser, d'ici "2-3 ans", à la fois le Centre de formation des apprentis (CFA) en agriculture et le centre de machinisme de la Tardivière, de Nozay vers Saint-Herblain et Derval…
Publiée par L'Eclaireur de Châteaubriant sur Jeudi 24 janvier 2019
Une restructuration dont les élus de la CCN assurent ne jamais avoir été prévenus en amont, bien qu’ils s’en soient plusieurs fois inquiétés auprès des instances concernées.
Claire Théveniau explique :
Depuis le début de ce mandat, on travaille sur ce dossier car on savait qu’à terme, le CFA ne pourrait pas rester dans les locaux actuels. Or, j’ai l’impression que depuis le début, on a été pris pour des imbéciles ! »
Des locaux vétustes mais gratuits
« Les locaux actuels du CFA sont la propriété de la commune de Nozay, qui les a mis gracieusement à disposition depuis 1993, rapporte Jean-Claude Provost. Effectivement, ces locaux sont extrêmement vétustes aujourd’hui. Le CFA ne souhaitait donc pas y rester. »
Le Centre de formation des apprentis (CFA) agricole et le centre de machinisme de Nozay devraient fermer leurs portes d’ici deux ou trois ans maximum. (©Archives/L’Éclaireur)
Il poursuit :
Depuis de nombreuses années, nous sommes en négociations à la fois avec la Région et la Chambre d’agriculture : il leur a été fait plusieurs propositions. Notamment, de leur céder le bâtiment pour un prix symbolique afin qu’ils puissent le rénover et rester sur site. On leur a aussi proposé un autre site en cœur de bourg : celui de l’ancienne Carsat, qui correspondait parfaitement aux besoins exprimés et qui avait été validé par les enseignants et les encadrants du CFA. La Région, du temps du président Retailleau, avait fléché 578 000 € pour accompagner le CFA ; on leur a trouvé une solution à 400 000 € et ils ne l’ont pas retenue. »
Les locaux du CFA agricole à Nozay, route d’Abbaretz. (©L’Éclaireur)
Je pense que la Région et la Chambre d’agriculture savaient très bien, depuis longtemps, le devenir de ces deux structures. Et qu’ils nous ont clairement menés en bateau… »
La présidente et le maire insistent : « On n’a jamais eu de position claire de la Chambre d’agriculture, qu’elle soit départementale ou régionale. On pressentait qu’à un moment ou un autre, ils voudraient rationaliser ces structures. Et on leur disait que l’on craignait, à terme, leur disparition. On s’est exprimé très clairement là-dessus. Et que ce soit la Région, à travers le vice-président en charge de l’apprentissage, M. Martin, ou le président de la Chambre d’agriculture Jacques Lemaitre, personne n’a bronché. »
« C’est du foutage de gueule, tout simplement »
La pilule est d’autant plus pénible à avaler que, dans le magazine de novembre du Conseil régional, la présidente Christelle Morançais et son vice-président à l’apprentissage « assuraient que tout serait fait pour maintenir l’engagement et l’investissement dans les centres de formations des apprentis, malgré le passage de compétence (voulu par l’État, NDLR) de la Région aux chambres consulaires. Cette décision [concernant les structures de Nozay] ne correspond pas aux propos tenus. »
Au mieux, si on est politiquement correct, on peut appeler ça un double langage ; mais au plus proche de la vérité, c’est du foutage de gueule, tout simplement. Et c’est extrêmement désagréable. On peut comprendre qu’il y ait des restructurations ; encore faut-il jouer cartes sur table et ne pas prendre les élus locaux pour des imbéciles. »
Plus d’enseignement agricole public pour le nord 44
Les craintes, quant aux conséquences de la fermeture annoncée de ces deux centres, portent sur deux aspects : tout d’abord, la disparition, pour les jeunes du nord du département – « certains venant même de beaucoup plus loin » – de ce choix d’un enseignement public en matière de formation agricole.
« Peut-être que la Chambre d’agriculture est plutôt pro-enseignement privé (tel que celui qui se pratique au lycée agricole Saint-Clair de Derval, NDLR)… C’est comme ça que je l’interprète », commente Claire Théveniau. En outre, une fois le CFA déplacé à Saint-Herblain, dans l’agglomération nantaise, se posera un vrai problème de surcoût pour les familles des étudiants, confrontées à des logements aux loyers beaucoup plus élevés, entre autres.
Le Foyer jeunes travailleurs de Nozay menacé
Seconde conséquence extrêmement dommageable pour la commune de Nozay :
Le Foyer de jeunes travailleurs (FJT) L’Odyssée, qui avait été fait à Nozay notamment pour accueillir ces apprentis agricoles, doit 40 % de son remplissage à ces jeunes du CFA. Il est donc évident que demain, ce FJT va être en grande difficulté puisqu’il va sans doute se retrouver avec quasiment la moitié de ses chambres vides. Financièrement, il ne pourra pas tenir le coup. C’est aussi une perte de clientèle pour les commerces locaux. »
À Nozay (Loire-Atlantique), le Foyer de jeunes travailleurs L’Odyssée est rempli à 40 % d’étudiants des centres de formations agricoles. (©L’Éclaireur)
Pour la présidente de la Communauté de communes :
Ca converge avec l’état d’esprit à l’échelle nationale : en milieu rural, on est toujours les laissés pour compte… »
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