
Jeudi 24 janvier 2019, près de 500 professeurs de lycées et collèges de Seine-Maritime ont défilé à Rouen. (©SL / 76actu)
Yvetot, Buchy, Canteleu, Sotteville-lès-Rouen… Jeudi 24 janvier 2019, près de 500 professeurs venus d’une quinzaine de collèges et lycées de Seine-Maritime ont manifesté à Rouen. Opposés à la réforme des lycées voulue par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, ils prédisent « un fiasco ». Ils réclament aussi une meilleure reconnaissance de leur travail, réunis sous le mot d’ordre « Stop mépris ».
« Autour de 180 suppressions de poste sur l’académie »
Pas de doute pour ce professeur d’histoire de l’agglomération, « nous sommes tous angoissés par ce que va détricoter cette réforme ». Celle des lycées généraux, professionnels et du baccalauréat. Le remplacement, à la rentrée de septembre 2019, des filières par 12 spécialités inquiète Caroline, prof des Sciences de la vie et de la Terre militante des Stylos rouges :
Je travaille sur deux établissements. Je vais perdre des heures et peut-être redevenir remplaçante. J’ai eu mon Capes il y a huit ans. C’est encore une forme de précarisation.
Les pertes d’heures liées à la réforme impliquent « autour de 180 suppressions de poste sur l’académie »*, selon Claire-Marie Feret, secrétaire académique du Syndicat national des enseignements du second degré. Le Snes fait partie de l’intersyndicale qui a appelé à la grève, avec les branches éducation de la CGT et Sud.
VIDÉO. Claire-Marie Feret dénonce les « dégradations » qui découlent de la réforme des lycées :
Manif de profs à #Rouen : pour les manifestants, la réforme du lycée va creuser la fracture territoriale. Deux exemples par Claire-Marie Féret, secrétaire académique Snes : « À #Yvetot ou #Dieppe, pas de spé latin. Sur l’académie, aucun prof n’est formé à la spé numérique. » pic.twitter.com/Lf1bZkLhFI
— 76actu (@76actu) 24 janvier 2019
« Des inégalités entre les territoires »
Pour les professeurs mobilisés, l’inquiétude est renforcée par le flou qui entoure les futures conditions d’étude des lycéens. Claire-Marie Feret cite deux exemples « des inégalités engendrées entre les territoires » : « À Yvetot ou Dieppe, les élèves ne pourront pas du tout suivre de spécialité lettres classiques, plus de latin, plus de grec, ce qui prive une partie des élèves d’une option à laquelle ils avaient droit. »
Dans le cortège, on craint aussi l’impossibilité pour les élèves de suivre une spécialité qui ne serait pas dans le bouquet proposé par leur établissement. « Un élève ne peut pas gérer des cours entre deux lycées, et un lycée ne peut pas gérer la fusion de deux emplois du temps », explique-t-on sous les drapeaux CGT. Et bien sûr, l’hypothèse de cours par correspondance rebute : « L’idée est de les dégoûter de l’école à vie ? »
Comme à Caen ou au Havre, des Gilets jaunes se sont mêlés aux enseignants, « pour les soutenir ». Le point commun du pouvoir d’achat est réel, explique Pauline : « Les policiers ont eu 300 euros de prime. Ils la méritent, mais nous, on a rien, avec des salaires gelés depuis dix ans. Où est la justice ? »
*Jeudi à 16 heures, le rectorat n’avait pas encore répondu à nos sollicitation.