
Véronique Desjardins, directrice générale du CHU de Rouen (Seine-Maritime), a vécu son baptême du feu lors de la présentation des voeux, jeudi 17 janvier 2019. (©MN/76actu)
Le grand débat national s’est invité dans les discours de vœux de certains représentants du centre hospitalier de Rouen (Seine-Maritime), jeudi 17 janvier 2019.
Profitant d’avoir l’attention d’un parterre composé en partie de personnalités des mondes politique et économique, ils ont appelé à se saisir du grand débat national pour discuter de la situation du système de santé français.
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La santé, pas une priorité du grand débat
La présidente du conseil de surveillance, Emmanuèle Jeandet-Mengual, aussi conseillère municipale déléguée à Rouen, a lancé la première salve : « Je suis surprise de ne pas trouver l’accès au soin et la santé dans le grand débat national. »
Dans sa lettre adressée aux Français, le président de la République évoque brièvement la santé au détour d’une question sur la suppression éventuelle de certains services publics.
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Pourtant selon Emmanuèle Jeandet-Mengual, les raisons d’en parler sont là. Elle évoque notamment la pénurie de médecins dans les hôpitaux publics ou encore les inquiétudes relayées sur le terrain, comme celles des maires face à la désertification médicale, largement exprimées lors du rendez-vous avec Emmanuel Macron à Bourgtheroulde (Eure).
Elle s’oppose aussi à la logique du récent rapport de la Cour des comptes, qui pose la question du rôle des CHU — trop coûteux d’après la juridiction par rapport à leur efficacité — sans apporter de solutions. « Profitons de la page blanche pour exprimer notre lassitude contre les injonctions du toujours plus contre toujours moins. »
La directrice évite le contexte national
Le professeur Loïc Marpeau, président de la Commission médicale d’établissement (CME), espère lui-aussi que le grand débat pourra venir en aide au « système de soin défaillant à la française » :
On a tout essayé, en vain. Alors peut-être sortira-t-il quelque chose d’incontournable du grand débat national, quelque chose qui serait voulu par le peuple.
La nouvelle directrice du CHU, Véronique Desjardins, a évité le contexte politique pour son baptême du feu dans l’exercice des vœux. Elle préfère se concentrer sur la situation de l’hôpital rouennais et s’accorde avec les autres sur un point : le CHU doit rester « la tête de pont », le « pivot », « l’établissement support » du système territorial.
Elle suit la ligne amorcée par son prédécesseur, Isabelle Lesage et les préconisations nationales : modernisation, virage vers la prise en charge ambulatoire ou encore « recherche d’optimisation constante des moyens alloués. » Elle projette un déficit structurel qui « se maintiendrait autour de 4 à 5 millions d’euros ».
Véronique Desjardins s’engage à stabiliser la situation financière du CHU, tout en continuant à investir, notamment dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement, qui se poursuit jusqu’en 2024 et dont « 57% ont été réalisés ». La finalisation du chantier du bâtiment de la rue eau de Robec constituera notamment un gros dossier de 2019, avec une ouverture prévue en 2020.