Ce devait être une simple réunion d’information et de collecte de points de vue des usagers du RER E. Mais ces derniers en ont profité pour faire part de leurs doléances concernant le service, l’état de la ligne et leurs attentes générales pour les années à venir.
2 fois plus de trains aux gares de Pontault et Roissy et terminus à Roissy
Mardi en fin de journée, SNCF Réseau avait installé une tente devant la gare RER de Pontault-Combault. Une initiative de concertation de la part de l’entreprise qui présentait au public son projet du RER E Est + pour 2025.
À l’horizon 2025, le transporteur ambitionne de créer une 3e voie entre la gare d’Émerainville – Pontault-Combault et celle de Villiers-sur-Marne – Le Plessis-Trévise. Ceci afin de doubler la fréquence des trains qui passeraient ainsi à un nombre de 4 par heure en heure creuse, et 8 par heure en heure pleine dans les gares de Pontault et Roissy. À Villiers, le service sera garanti de manière fixe à 4 trains par heure toute la journée.
Autre modification, la gare de Roissy-en-Brie deviendra un terminus grâce à la création d’une 2e voie de retournement en arrière-gare afin de permettre les manœuvres des trains. Par ailleurs, des voies de garage seront aménagées sur un ancien site SNCF en amont de la gare de Gretz-Armainvilliers, dans une zone non urbanisée.
Quid des autres ambitions
Pour 2025, la SNCF compte également ouvrir sa nouvelle gare Bry-Villiers-Champigny sur la ligne E du RER, entre les gares de Villiers-sur-Marne et des Boullereaux – Champigny. Celle-ci doit permettre l’interconnexion entre la ligne E et la future ligne du métro 15 Sud du Grand Paris Express. Ce projet ambitieux a déjà pris du retard et doit coûter plus cher que prévu, soit 500 au lieu de 350 millions d’euros.
Par ailleurs, dès 2021, les nouveaux RER à deux étages doivent arriver sur la ligne pour remplacer petit à petit les anciens. Coût de l’opération : 230 millions d’euros.
Enfin, il ne faut pas oublier le projet Eole, qui doit prolonger la ligne E jusqu’à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, en passant par la Porte Maillot, Nanterre et la Défense. Coût estimé de cette ambition : 3,5 milliards d’euros. Objectif : désengorger le RER A. Mais la date de mise en service, initialement prévue entre 2020 et 2022, a été retardée de deux ans. Les travaux ont commencé à Courbevoie, sous le CNIT de La Défense, en juillet 2016 et doivent durer encore six ans.
Par ailleurs, il faut noter que le processus d’aménagement de la 3e voie entre Pontault et Villiers sera particulier. Pour éviter les expropriations, SNCF Réseau a opté pour la technique dite « du ripage et du basculement ». Définition : la voie slalomera entre les deux voies existantes afin d’éviter les habitations dans les zones urbanisées qui apparaissent un peu avant la gare des Yvris – Noisy-le-Grand.
Le calendrier prévisionnel de 2025 n’est pas acceptable en l’état.
Cette initiative part d’abord d’un constat et des nombreux mécontentements des usagers. « Il existe un niveau de confort inégal entre les trains qui partent de Villiers et ceux qui partent de Tournan en heure de pointe », relève d’ailleurs officiellement le transporteur dans son film de présentation du projet RER E Est +. En effet, dès Roissy-en-Brie, le train est bondé et les passagers qui entrent à Pontault n’ont généralement plus de places assises.
« Nous sommes conscients de l’encombrement de la ligne Tournan-Haussmann, concède de son côté Philippe Feltz, le chef du projet RER E Est + chez SNCF Réseau. Cette proposition vise justement à régler ce problème, entre autres objectifs. Quant à la date de 2025, elle est réaliste ». Et de préciser que pendant la durée des travaux, entre 2021 et 2025, « les trains continueront à rouler, sauf quelques week-ends où la ligne sera fermée exceptionnellement. »
Entre 180 et 200 personnes sont passées mardi, selon la SNCF, pour entendre les détails de ce projet. Même la maire de Pontault, Monique Delessard, était présente, aux côtés d’autres élus de la ville et de Claude Cressend, adjoint d’Émerainville. « Le calendrier prévisionnel de 2025 n’est pas acceptable en l’état, a-t-elle fait savoir. J’espère que vous pourrez avancer le dossier car il s’agit d’un vrai besoin et d’une vraie demande des habitants. Même une accélération modeste serait la bienvenue. »
Quel est l’intérêt de la concertation ?
L’entreprise est convaincue de la nécessité de son projet qui doit coûter 270 millions (1/3 pour l’État et 2/3 pour la Région). Pour le crédibiliser, elle met en avant le sondage réalisé par l’Ifop* où 62 % des usagers disent souhaiter plus de trains, 59 % plus de ponctualité et 47 % plus de places assises.
* Sondage Ifop-SNCF réalisé en décembre 2016 à Villiers, Noisy, Emerainville, Pontault et Roissy sur un échantillon d’environ 1 000 personnes de 18 ans minimum, représentatif de la population des 5 communes.
La concertation doit se dérouler jusqu’au 3 mars prochain, avec une autre date jeudi 23 février au centre des Airelles à Roissy-en-Brie (entre 16 heures et 21 heures). Les usagers ont aussi la possibilité de faire des remarques par mail (rere.est.plus@reseau.sncf.fr) ou par courrier (SNCF Réseau / Centre de compétence en développement durable – Concertation RER E Est + / 34 avenue du Commandant Mouchotte 75014 PARIS).
« Il s’agit d’une vraie concertation, nous attendons les retours de nos voyageurs, on n’a pas forcément pensé à tout », assure Philippe Feltz. Pour autant, on imagine facilement que si la SNCF officialise ses ambitions, c’est qu’elle sait déjà à quoi ressemblera le projet à la fin et que des modifications significatives ne doivent pas être espérées. « Mais c’est important de rencontrer nos usagers, ce sont leurs avis qui dessinent nos projets d’avenir », complète le chef de projet.
Lors de la réunion d’information, une habitante qui vit le long de la ligne de chemin de fer à Pontault s’est inquiétée de la conséquence de l’augmentation du trafic. « Ma maison tremble déjà assez comme ça », a-t-elle lancé. Réponse : « La nouvelle voie sera équipée des dernières normes anti-vibrations, tout comme les nouveaux trains qui seront aussi plus silencieux. Selon nos estimations, l’augmentation du bruit ne sera que d’un décibel. »
« Ça arrive 10 ou 15 ans trop tard »
Carole Rénier-Roméas vit à Émerainville. Elle emprunte quotidiennement la ligne E vers Paris pour se rendre à son travail : « C’est très bien, mais ça arrive 10 ou 15 ans trop tard. C’est très difficile de trouver une place assise dans les trains dès 8 heures du matin. On est debout, serrés les uns aux autres, sans compter les retards à répétition. Alors oui, on attend ça avec impatience ! En attendant, ce serait bien que les trains omnibus de Villiers viennent jusqu’à Pontault. »
« La ponctualité s’est dégradée »
Kevin Ikiessiba est un Pontellois qui emprunte chaque jour le RER E depuis 2013 pour se rendre à Nanterre, son lieu de travail : « J’attends avec impatience ce changement important ! Mais je reste sceptique sur certains points. À quoi ça sert d’annoncer plus de trains si c’est pour accumuler les retards ? La ponctualité s’est fortement dégradée ces dernières années. En plus, il y a le problème du pont de Nogent qui est à deux voies et qui sera un goulot d’étranglement. »

Une pétition rassemble 860 signatures sur le web
Le 11 décembre dernier, Vanessa Gernet, une Gretzoise de 37 ans, créait une pétition sur le site change.org qui a recueilli aujourd’hui plus de 860 signatures. « La goûte d’eau qui a fait débordé le vase a eu lieu en novembre alors qu’on est resté bloqué 45 minutes en gare de Gretz à – 5 degrés, sans aucune information de la SNCF », explique cette femme qui constate une « dégradation du service depuis près de six ans ». Mais elle l’affirme : « Ce n’est pas une pétition de colère, mais plutôt de proposition envers la SNCF. »
Le projet du RER E Est +, elle l’attend avec impatience et le salue, mais considère que les gares de « Tournan, Ozoir, Gretz et les autres de la ligne sont délaissées ». À plus courte échéance, elle a des demandes : « Nous voulons plus d’informations fiables aux usagers et aimerions aussi que les trains directs depuis Tournan ou Coulommiers qui passent sans s’arrêter puissent exceptionnellement, quand il y a des problèmes, prendre des passagers dans les gares. »
L’initiative de la Gretzoise a d’ailleurs remporté une première victoire puisqu’elle a obtenu un rendez-vous avec la direction des relations institutionnelles de la SNCF ce mardi 7 février. Elle a aussi sollicité les élus et obtenu pour le moment le soutien du maire de Pantin, Bertrand Kern.
En parallèle, Vanessa Gernet est administratrice d’un groupe Facebook dont l’objectif est de donner des informations en temps réel sur l’état du trafic et de permettre aux usagers de faire des demandes (Usagers ligne RER E).