
Carol Descordes présente ses oeuvres Natures mortes réalisées avec la complicité de Sylvain Chériau avec lequel elle a créé Un antiquaire & une photographe à Mortagne-au-Perche (©Laurent Rebours)
La photographie, Carol Descordes n’est pas tombée dedans étant petite. Elle se destinait plutôt à la psychologie et, après ses études, a travaillé six ans pour la Croix Rouge auprès d’enfants autistes notamment. Aujourd’hui son travail est reconnu et elle expose ses dernières réalisations à l’Espace photo du Perche à Bellême (Orne) jusqu’au 10 mars 2019.
Premières armes en photo culinaire
Je pratiquais déjà un peu la photographie, pour le plaisir. Et puis un jour un journaliste est venu à la Croix Rouge faire un reportage sur notre action auprès de ces enfants et notre établissement avant-gardiste. Mais il a eu peur des enfants et n’est pas resté. C’est mon directeur qui m’a alors proposé de faire les photos car il a vu ce que je pouvais faire ! »
Sa première publication se fait alors dans le journal de la Croix Rouge. Elle s’interroge sur son avenir. Pourquoi ne ferais-tu pas photographe l’encourage-t-on alors. « Mais c’était comme si on me demandait de devenir danseuse étoile ! »
Pourtant l’idée fait son chemin. Elle négocie son départ de la Croix Rouge et devient assistante d’un photographe spécialisé dans la photographie culinaire. Elle y apprend l’exigence technique, peaufine sa patte… Et puis, elle se crée des books, expose, se fait un nom.
Alors elle oblique vers la publicité, le graphisme, la presse également, et crée Le Studio 28.
Trois petits gâteaux qui déclenchent tout
Elle ressent toutefois une certaine lassitude progressive. Cet univers de la publicité est aux antipodes de la liberté à laquelle elle aspire. Et le déclic viendra de trois petits gâteaux :
Un beau jour, j’ai craqué. C’était à l’issue d’une journée interminable où l’on devait shooter trois petits gâteaux pour une grande marque. On m’a fait livrer une palette complète de biscuits ! Il a fallu retenir trois specimens dignes d’être pris en photo… mais quand vous avez cinq personnes qui viennent ensuite donner leur avis sur telle pépite de chocolat trop pointue, tel nappage pas assez brillant, etc… ça fatigue ! »
Elle s’installe dans le Perche un peu par hasard, prend du recul, revend sa boîte. Elle investit peu à peu son nouvel environnement et y trouve son énergie nouvelle, dans les forêts du Perche notamment où elle tisse un univers très onirique à travers ses photographies.
L’introspection commence avec sa série Mamaison. En 2013 elle rencontre Sylvain Chériau. Lui qui est dans le domaine des antiquités croise son univers avec les images de Carol. Les noir et blanc en forêt où se posent des mobiliers d’antan offrent des sensations baroques.
Leur approche est fusionnelle, et, quelques expos communes plus tard ils se disent qu’ils pourraient aller encore plus loin.
Une tête d’ail comme déclic
La découverte d’une magnifique tête d’ail sur un marché du Mans les fait réagir de concert. Natures mortes était né ! Dignes descendantes des écoles picturales flamandes, ses oeuvres sont d’une force impressionnante. Fruit d’un gros travail sur la lumière, sur l’harmonie des couleurs, des objets (qui affichent leur vécu) ou des produits organiques, les clichés captent immédiatement le visiteur.
Un travail récemment récompensé d’ailleurs par une médaille d’argent lors du Salon des Beaux-Arts de Paris. Ses photographies sont désormais commandées par de grands noms du luxe ou de la restauration.
Un véritable aboutissement de leurs deux expériences communes que le public va pouvoir découvrir jusqu’en mars à Bellême.
■ Pratique : Exposition des oeuvres Natures mortes de Carol Descordes du 19 janvier au 10 mars 2019 à l’Espace photo du Perche à Bellême (en haut du Porche). Du lundi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h.