
Les maires de Dives-sur-mer, de Tourville-la-Rivière et de Brionne en compagnie du député de la Seine-Maritime, Sébastien Jumel (à droite).
« Est-ce qu’on décroche le portrait du président ? », plaisante le député Hubert Wulfranc avant le démarrage de la conférence de presse organisée par le Parti communiste dans salle des mariages de Brionne (Eure), lundi 14 janvier.
Des maires et des parlementaires PCF de la Normandie se sont réunis à la veille du lancement du Grand débat national à quinze kilomètres de la cité risloise, à Grand Bourgtheroulde ce mardi 15 janvier.
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Les élus communistes n’adoptent pas la même attitude face à l’événement. Certains ont choisi de boycotter la venue du président de la République, comme Pierre Mouraret, édile de Dives-sur-Mer, dans la Calvados. « Il n’y a que deux maires du département qui pourront prendre la parole, celui de Caen qui est Macron-compatible, et un autre du pays d’Auge, qui est de droite. Notre expression ne sera donc pas représentée », regrette-t-il.
Une question sur la maternité de Bernay
A contrario, Valéry Beuriot, maire de Brionne, sera bien présent à Grand Bourgtheroulde. Il a été sollicité par le président de l’union des maires de l’Eure pour prendre la parole au cours du débat avec Emmanuel Macron. Et il a déjà préparé une question à poser au président de la République.
Je souhaiterais intervenir sur le sujet de la fracture territoriale que nous vivons tous les jours dans le Far West de l’Eure, sur le maintien des écoles, des hôpitaux, sur la mobilité, explique-t-il. Et j’insisterai sur la lutte pour la maternité de Bernay. Si le président décidait que la maternité ne doit pas fermer, ce serait un signe fort pour lancer le débat. »
Le député PCF de la Seine-Maritime et ancien maire de Dieppe, Sébastien Jumel, fera aussi partie des centaines d’élus rassemblés dans un gymnase de Grande Bourgtheroulde ce 15 janvier. Aura-t-il la parole ? « On la prendra même si on ne nous la donne pas », prévient-il alors que le flou règne toujours ce 14 janvier sur la façon dont la rencontre avec le président va se dérouler. « C’est symptomatique du grand n’importe quoi dans lequel on règne depuis des mois », observe-t-il.
Sébastien Jumel, qui avoue ressentir parfois une « envie de vomir » en entendant certains députés de la République en Marche, promet de mettre le doigt là où ça fait mal.

Elus et militants rassemblés dans la salle des mariages de Brionne. (©Eveil Normand)
« Macron a fixé un cadre, mais on va bousculer le débat », prévient le parlementaire qui veut porter la voix du peuple en colère, « la France qui souffre », « ceux qui sont à la marge », « ceux qui ont besoin de leur bagnole pour aller travailler, ceux qui vivent dans les territoires éloignés des métropoles, ceux que Macron a stigmatisés… »
« Que le débat ne soit pas pipé »
« Notre rôle, c’est que le débat ne soit pas pipé », ajoute-t-il en pensant aux questions de pouvoir d’achat, de justice fiscale et sociale, et notamment la demande du retour de l’impôt sur la fortune.
Macron veut prendre un virage sans tourner le volant, ironise Sébastien Jumel. Dans sa lettre aux Français, il parle de la baisse de la dépense publique, c’est donc qu’il reste sourd à ce qui s’exprime dans nos territoires. »
Un important de dispositif de sécurité est annoncé pour le déplacement du président de la République dans l’Eure, et aucun échange avec la population n’est prévu. Les Gilets jaunes de Brionne ont écrit au préfet pour rencontrer Emmanuel Macron, mais « il y a peu d’espoir », souffle Valéry Beuriot.
« Le signe que le président doit donner, c’est de rencontrer une délégation de Gilets jaunes », pense Céline Brulin, sénatrice PCF de Seine-Maritime. «
« Une lame de fond »
Les élus communistes l’ont répété au cours de leur conférence de presse : ils reconnaissent nombre de leurs idées dans les revendications des Gilets jaunes. « C’est plus qu’un mouvement social, c’est une lame de fond oubliée par les gouvernements successifs, souligne Noël Levillain, maire de Tourville-la-Rivière, en Seine-Maritime. Les Gilets jaunes ont été les transparents de la République. Et il y a une volonté de retrouver de la dignité. »
Au-delà des cahiers de doléances ouverts dans les mairies, les maires PCF entendent apporter « la contribution la plus originale possible » au Grand débat national du 15 janvier au 15 mars.
Certains, tels l’édile de Tourville-la-Rivière, proposent d’organiser dans leurs communes des référendums pour réclamer le rétablissement de l’ISF. A Brionne, Valéry Beuriot évoque la perspective d’une assemblée citoyenne.