
La une de Paris-Match qui, au début des années 70, consacre un dossier spécial à Cergy-Pontoise. Le département du Val-d’Oise est à peine né que déjà la grande aventure de la Ville nouvelle de Cergy-Pontoise s’écrit. (©Dr)
Des champs à perte de vue et une Ville nouvelle de Cergy-Pontoise à construire au beau milieu de ce presque nulle part.
Quand il pose pour la première fois les pieds à Cergy (Val-d’Oise), Bernard Hirsch sait que la mission que vient de lui confier Paul Delouvrier, chargé par le général de Gaulle de créer des Villes nouvelles pour sauver Paris de l’asphyxie urbaine, est immense. L’œuvre d’une vie pour le directeur de l’Épa (Établissement public d’aménagement), ingénieur de formation de 39 ans, engagé dès 16 ans dans la Résistance.
Inventer
Tout est à inventer sur ce territoire lové dans la boucle de l’Oise. Ce sera la délicate tâche de l’Épa, créé le 16 avril 1969, l’acte de naissance retenu par la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise et la Ville de Cergy pour célébrer leur 50 ans *.
Tout commencera par la construction de la préfecture qui cristallisera la résistance d’agriculteurs vent debout contre cette Ville nouvelle synonyme de béton qu’on appelle encore Pontoise-Cergy.
D’autres obstacles se dresseront sur le chemin de Bernard Hirsch et de son armée de bâtisseurs. Tous finiront par être levés, balayés par le souffle d’une ville portée par des pionniers avides de construire une Ville nouvelle pour une nouvelle vie.
Le département du Val-d’Oise est à peine né que déjà la grande aventure de la Ville nouvelle de Cergy-Pontoise s’écrit. Construction des 3-Fontaines et du centre Préfecture caractérisé par son urbanisme de dalle, implantation de l’Essec, édification des tours 3M, Gdf et des jeunes mariés, premiers habitants, premiers logements, premiers quartiers, premières écoles, premier flirt, première cigarette… Cergy-Pontoise grandit vite.
Trop vite ?
Entre vitesse et précipitation, parfois la confusion s’immisce. Certains projets immobiliers sont bâclés par des promoteurs peu scrupuleux. L’Épa, lui non plus, n’est pas exempt de tout reproche. En témoigne un réseau d’éclairage public à la conception défectueuse qui, bien des années plus tard, sera miné par les pannes.
De panne, Cergy-Pontoise n’en aura jamais pourtant vraiment connue. À bientôt 50 ans, elle a poussé assez harmonieusement jusqu’à franchir la barre des 200 000 habitants. Mais sans jamais sacrifier le vert au béton.
Dans l’ombre du Val-d’Oise, l’ex-Ville nouvelle, retournée au droit commun et libérée de la tutelle de l’État en 2003, est devenue adulte. Habitée par les rêves qui vont de pair : rester attractive pour offrir le meilleur à ses habitants sans renoncer à son cadre de vie.
Fidèle à l’esprit de ces pionniers venus conquérir un territoire nouveau. Leur Eldorado.
* À Cergy, une grande fête de la ville est notamment annoncée pour le 15 juin avec des rassemblements dans tous les quartiers. Des parades convergeront ensuite vers l’Axe-Majeur et l’esplanade de Paris.