
A Melun, les trafics de stupéfiants sont la principale problématique, notamment dans les quartiers nord, avec une véritable économie souterraine mais aussi une exaspération pour les riverains(©RSM77/DR )
Pourquoi Melun n’est pas concernée par les quartiers de reconquête républicaine, délimités par le Gouvernement et qui permettent d’obtenir des effectifs de police supplémentaire ? La question se pose, vu l’activité quotidienne du commissariat de Melun, notamment face aux trafics de stupéfiants.
Baisse des faits
« Il n’y a qu’un seul ‘quartier’ du genre en Seine-et-Marne : Torcy-Noisiel, rappelle Béatrice Abollivier, la préfète de Seine-et-Marne. Le critère de sélection est unique : ce sont les chiffres de la délinquance. » Si de dramatiques ou violents événements se sont produits à Melun, la délinquance générale est en baisse, y compris dans les quartiers nord, avec un recul global de 5,10 % des faits délictuels.
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Sur la voie publique, le nombre de faits constatés à Melun est en recul de 12,32 %, sur les 10 premiers mois de l’année. Pas question de stigmatiser un quartier par rapport à un autre, mais force est de constater que les trafics de stupéfiants y sont plus établis qu’en centre-ville. « Ce sont ces trafics qui nourrissent le sentiment d’insécurité chez les habitants », reconnaît d’ailleurs la préfète.
« Il y a un phénomène d’occupation des parties communes mais aussi des nombreuses nuisances pour les habitants, poursuit-elle. Toute l’activité de la police est justement de remettre de la paix dans ces lieux. » Une action quotidienne contre les dealers avec des interpellations et saisies d’armes et de drogues réalisées chaque semaine (voir ci-dessous).
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« Ce climat est porteur de rivalités et entraîne des violences exacerbant encore les tensions et risques de trouble », poursuit-on en préfecture. Mais cette violence, si dramatique soit-elle, doit être regardée par un prisme plus général. Une tendance baissière des faits de délinquance à Melun, mais également dans les quartiers nord.
Cambriolages en hausse
Sur les dix premiers mois de l’année, 124 faits ont été recensés à Montaigu (contre 154 faits sur la même période en 2017). À l’Almont, 208 faits ont été constatés (contre 244 en 2017) et aux Mézereaux, la délinquance de voie publique s’élève à 48 faits constatés (contre 53 en 2017).
Si les moyennes peuvent cacher des disparités, les vols avec violence dans les quartiers nord de Melun reculent de 7,14 %, les vols de voitures de 2,58 %, les vols à la roulotte de 18,29 % et les dégradations et incendies volontaires reculent de 23,29 %. Seul phénomène en hausse – comme dans l’ensemble de la circonscription – les cambriolages avec 24,42 % d’augmentation.
« Un travail de fond est mené entre la commune, les bailleurs mais aussi la police », souligne Béatrice Abollivier, citant des instances comme le GLTD (Groupe local de traitement de la délinquance) ou le CISPD (Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance). La préfète s’est rendue la semaine dernière dans les quartiers nord de Melun pour un état des lieux et une visite de terrain. Elle supervise par ailleurs le travail quotidien réalisé par les policiers.
Ce vendredi 7 décembre, en présence de Béatrice Abollivier, Préfète de Seine-et-Marne, nous visitions les parties communes de certains immeubles dans les hauts de Melun. Maire de Melun, j’ai fait de la tranquillité publique ma priorité et certains constats sont alarmants. 1/2 pic.twitter.com/IYfVUVMH6M
— Louis Vogel (@louisvogel) December 8, 2018
Les interventions de police en hausse à Melun
Près de deux tiers des interventions de police réalisées à Melun le sont dans les quartiers nord. Cette année, les interventions sont en hausse avec comme priorité, la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Une vingtaine d’armes ont été saisies à Melun en 2018 (©Police nationale)
Si les faits de délinquance générale diminuent dans les quartiers nord de Melun, les interventions de police n’y ont jamais été si importantes. Selon les chiffres de la préfecture, le commissariat de Melun a réalisé 2 583 opérations dans les quartiers nord sur les dix premiers mois de l’année, sur un total de 4 117 à l’échelle de la ville (soit 63 %).
C’est à Montaigu et à l’Almont que se concentrent la majorité des interventions avec respectivement 859 et 969 opérations de police, s’ensuivent le quartier Schuman avec 565 interventions puis les Mézereaux avec 190. Outre les policiers melunais, « la compagnie départementale d’intervention et les patrouilles de forces mobiles ont été trois fois plus présentes à Melun qu’en 2017 », insiste-t-on en préfecture.
Près de 8 kg saisis à Melun en 2018
Les chiffres d’interpellations sont aussi en hausse avec 16 individus arrêtés pour des trafics (contre 6 en 2017), 36 pour des faits d’usage et revente (contre 28) et 267 pour consommation (contre 262). Depuis le début d’année, près de 8 kg de cannabis ont été saisis à Melun, une centaine de grammes de cocaïne et une vingtaine d’armes, dont des fusils à pompe et des Kalachnikov.
Dans nos colonnes la police seine-et-marnaise avait rappelé que « les épisodes de violences [à Melun] sont généralement liés au trafic de stupéfiants. » Une économie souterraine avec ses « fours » – les points de ventes – ses getteurs, ses revendeurs et même ses réductions, les dealers n’hésitant pas à distribuer leurs cartes de fidélités pour se démarquer de la concurrence.