
Durant plus d’une heure de lecture-spectacle, tantôt comique, tantôt critique, souvent caustique, Gérald Dumont a su interpeller son public. (©Joffrey Fodimbi)
Organisée par le Comité Départemental d’Action Laïque, le Grand Orient de France, l’Association des Libres Penseurs de France, le Conseil Départemental des Associations Familiales Laïques du Jura, l’Observatoire de la Laïcité et le Sou des Écoles de Lons-le-Saunier, la soirée mettait à l’honneur le livre posthume de Charb, achevé le 5 janvier 2015, à peine deux jours avant les attentats visant la rédaction de Charlie Hebdo.
Mise en scène et interprétée par Gérald Dumont de la compagnie ThéâtreK, la lecture-spectacle a su attirer un public nombreux ; plus d’une centaine de personnes étaient présentes dans la salle du Carcom de Lons-le-Saunier, ce mardi 11 décembre 2018.
Une salle largement sécurisée par la présence de trois vigiles, qui dès l’entrée du bâtiment, procédaient à la fouille de chaque spectateur. « Nous avions des comptes à l’équilibre lorsque nous avons organisé cette soirée, mais le préfet nous a incité à prendre une société de sécurité. Nous faisons donc appel à votre générosité afin de gérer cet imprévu », expliquait d’ailleurs à ce titre l’une des organisatrices de la soirée. Une soirée qui, était en entrée gratuite et à participation libre.
Du rire à la critique
Prenant place sur scène, Gérald Dumont a d’abord eu un mot d’humour envers tous ceux qui ont été excusés, citant tour à tour députés, sénateurs, conseillés départementaux et maire de Lons-le-Saunier, sous les rires du public. S’en est suivie plus d’une heure de lecture-spectacle, tantôt comique, tantôt critique, souvent caustique.
Entrecoupés des passages lus par le comédien, des chansons, courtes vidéos et dessins de Charb, suscitant là encore les rires du public. « En France, la parole raciste a été largement libérée par Sarkozy et son débat sur l’identité nationale. Lorsque la plus haute autorité de l’État s’adresse aux cons et aux salauds en leur disant « lâchez-vous, les gars », que croyez-vous que font les cons et les salauds ? Ils se mettent à dire publiquement ce qu’ils se contentaient, jusque-là, de beugler à la fin des repas de famille trop arrosés. La parole raciste, que les associations, les politiques, les intellectuels avaient réussi à confiner dans un espace compris entre la bouche du xénophobe et la porte de sa cuisine, est sortie dans la rue, elle a irrigué les médias, elle a encrassé un peu plus les tuyaux des réseaux sociaux. » Par ces mots, Gérald Dumont suscite donc le rire, avant d’engager la réflexion.
Une réflexion qui s’est poursuivie à l’issue de la représentation lors d’un débat organisé en présence de Marika Bret, directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo.