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Violences faites aux femmes : « Je suis encore sous son emprise », regrette une femme de Louviers

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Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint en France, soit 130 décès enregistrés en 2017 contre 123 en 2016.

Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint en France, soit 130 décès enregistrés en 2017 contre 123 en 2016. (©Illustration Pixabay)

Elle tient son fils de 11 mois dans les bras. Ce petit bout d’âme au regard innocent qui ne sait rien de ce qu’endure sa mère. Julie (prénom changé) a 24 ans. Si jeune et pourtant victime d’un conjoint violent. « Tout a commencé quand j’étais enceinte, se remémore-t-elle. Ça a été très progressif et c’est vite devenu infernal. »

Violences pendant la grossesse

À six mois de grossesse, les choses ont empiré. « Il a toujours été possessif. Au début je prenais ça pour de l’amour ». Mais l’amour s’est vite transformé en menace. « Je vais te défigurer pour que tu ne m’abandonnes jamais et que tu ne partes pas avec un autre ! », lui aurait-il lancé alors que le bébé n’était pas encore né…

Après l’accouchement, rien ne s’est arrangé. « À dix jours, mon fils a été hospitalisé pour une bronchiolite. Le père voulait me tuer car il pensait que j’étais un danger pour notre enfant. Mais le jour de Noël, alors que moi j’étais aux côtés de notre bébé à l’hôpital, lui est parti faire la fête à Montpellier. C’est là que j’ai réalisé. Je me disais que s’il ne me tuait pas, c’est moi qui allais nous tuer, moi et mes enfants [elle a un fils de 6 ans d’un autre homme qui n’a jamais été présent]. Car il était hors de question qu’ils restent seuls avec lui. J’étais au bord du gouffre. »

Heureusement, Julie n’a pas été jusqu’à cet acte irréparable. Elle a trouvé le courage de partir.

Au bout du compte, je réalise que j’ai eu de la chance que ça m’arrive pendant ma grossesse. C’est la sage-femme qui me suivait qui a constaté des choses et qui a fait le signalement auprès des services sociaux. Au début, je l’ai mal pris, j’estimais qu’elle outrepassait son rôle. Mais je la remercie du fond du cœur maintenant. »

En janvier dernier, elle intégrait ainsi un foyer d’accueil dans le sud de la France, région dont elle est originaire. Puis, souhaitant rejoindre sa famille en Normandie, la jeune femme et ses enfants sont arrivés en juillet 2018 à l’unité d’hébergement dédiée aux femmes victimes de violences. Ce service est rattaché au Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de Louviers, établissement qui dépend directement de l’Armée du Salut.

Aujourd’hui en pleine reconstruction, Julie n’a pas encore décroché de cette relation vampirique et destructrice. Elle ne se voile pas la face.

Je pense encore à retourner auprès de lui parfois. Je sais que je suis encore sous son emprise. »

Mais la « culpabilité » qu’elle ressent vis-à-vis de ses enfants la fait tenir. Ainsi que le soutien des femmes du CHRS qui, comme elle, ont subi des violences physiques et psychologiques de la part de ces « prédateurs ». C’est ainsi que les nomme Anne-Frackowiak-Jacobs, la sous-préfète des Andelys qui était en visite dans l’établissement aujourd’hui, mardi 27 novembre.

Un déplacement qui intervenait dans le cadre de la journée internationale du 25 novembre pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Une pleine page, avec un autre témoignage et l’interview de la sous-préfète, sera à lire dans La Dépêche de Louviers du 30 novembre 2018.

Devant les femmes victimes de violence hébergées à Louviers, se tiennent (de gauche à droite) Guillaume Pain, directeur de la DDCS de l'Eure, Anne-Frackowiak-Jacobs, sous-préfète des Andelys, Evelina Danielian, directrice du CHRS de Louviers, et Sarah Mantah, déléguée aux droits des femmes et à l'égalité dans l'Eure.

Devant les femmes victimes de violence hébergées à Louviers, se tiennent (de gauche à droite) Guillaume Pain, directeur de la DDCS de l’Eure, Anne-Frackowiak-Jacobs, sous-préfète des Andelys, Evelina Danielian, directrice du CHRS de Louviers, et Sarah Mantah, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité dans l’Eure. (©La Dépêche de Louviers / Pierre Choisnet)


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