
Vincent Gérard, qui a créé sa startup à Saint-Brieuc, emmène les personnes âgées en voyage virtuel. (©Le Penthièvre)
Vincent Gérard a créé la startup Live Out à la pépinière d’entreprises de Trégueux, près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Il emmène les personnes âgées en voyage virtuel avec des films courts de sa conception.
Une innovation high-tech qui séduit déjà les maisons de retraite et qui pourrait contribuer à endiguer les ravages de la maladie d’Alzheimer.
Une balade à Paris ou un saut en parachute
Hélène, 94 ans, hébergée à la résidence Domitys de Saint-Brieuc, arbore un large sourire en enlevant le casque de réalité virtuelle qui vient de l’emmener sur l’île de La Réunion. « C’est comme dans mes souvenirs ! Vous savez, j’ai beaucoup voyagé… En Chine, en Thaïlande, à La Réunion deux fois… »
René, 87 ans, vient quant à lui de s’offrir une balade à Paris puis sur les côtes bretonnes. Un autre, plus téméraire, se laisse tenter par un saut en parachute. Une immersion à 360 degrés, casque sur les oreilles, pour quelques minutes d’évasion.
Contre la dépression, bon pour la mémoire
L’effet escompté est au rendez-vous. La parole se libère, des souvenirs font surface, des personnes taciturnes livrent des tranches de vie insoupçonnées. « C’est exactement ce que je cherche », explique Vincent Gérard.
Un tiers des personnes qui arrivent en maison de retraite font une dépression dans les six mois, l’idée c’est de contribuer à casser ça.
Cet ancien journaliste de télévision a mis son savoir-faire au service d’une technologie qu’il n’a certes pas inventée, mais dont les usages sont encore relativement restreints. Avec ses propres films, qui durent de 2 à 8 minutes, il permet aux anciens d’accéder à une part de rêve qu’on croirait à tort réservée aux jeunes générations.
Dans les maisons de retraite, il y a de moins en moins d’animateurs et ils sont de plus en plus débordés. Souvent, à la nuit tombée, les personnes âgées ont des angoisses. La facilité c’est de leur administrer un médicament. Là, on les aide à se détendre en les faisant voyager.
Ce n’est sans doute pas le remède miracle à des maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, mais il apporte un peu de joie de vivre et stimule les sens, ce qui est déjà un très bon point.
Du grand Ouest au marché national
Des tests ont été effectués à l’université Rennes 2, avec le laboratoire de psychologie cognitive, et dans une maison de retraite à Tréguier (Côtes-d’Armor). Les premiers modèles définitifs seront livrés en cours d’année à leurs destinataires. À Saint-Brieuc, Domitys est sur les rangs.
Vincent Gérard multiplie les salons et séduit déjà de nombreux partenaires privés. Un de ses objectifs : convaincre aussi les établissements publics.
S’il prospecte pour l’heure essentiellement dans le grand Ouest, son concept pourrait inonder le marché français. Son projet Live Out est accompagné par la banque publique d’investissement et l’incubateur Emergys Bretagne, auquel est rattaché la technopole de Saint-Brieuc (ID Composite pour la partie technique). Avec ce commentaire élogieux :
Les premiers essais ont été extrêmement concluants et répondent totalement aux attentes des résidents, du personnel soignant et de la direction des lieux de vie.
Contact : tél. 06 07 60 50 24 ou vincent@live-out.com