
Jean-Luc, salarié de La Poste, porte Jean-Luc, mouton d’Ouessant. (©La Dépêche de Louviers)
Depuis le vendredi 25 janvier 2019, ce sont quatre moutons d’Ouessant qui sont chargés de tondre l’herbe dans le terrain dont dispose La Poste, à Val-de-Reuil, autour de sa plateforme colis. Christophe Hermier, berger pour l’entreprise Greensheep, les a fait venir le 25 janvier, en présence de plusieurs salariés de l’entreprise.
Il explique le suivi que cela nécessite. La tonte, d’abord. « Il ne faut pas leur enlever en ce moment, c’est maintenant que la laine leur sert ». Et pas plus d’une fois par an, « on ne va pas les attraper tous les mois, ça les ferait stresser ».
Mais aussi la surveillance de l’état des bêtes. « S’ils boitent un jour ça va, mais si ça se prolonge, c’est gênant. »
La Poste paie un abonnement à l’entreprise, qui inclut ces prestations (tonte et soins éventuels). Pour elle, c’est l’occasion de se passer d’un coûteux entretien mécanique, mais aussi de verdir son image – une préoccupation que le groupe souhaite mettre en avant, lui qui a obtenu récemment la meilleure note d’une agence britannique pour sa « stratégie dans le domaine de la réduction des gaz à effet de serre ».
D’autant que le terrain, bosselé, marqué par les trous qu’y font les lapins, se prête bien au jeu. « L’écopâturage est particulièrement intéressant quand le terrain est biscornu, car cela prend plus de temps avec des machines, alors que les moutons s’en fichent que le terrain soit plat ou non. »
Les promis ont d’ores et déjà promis d’aller rendre visite « tous les jours », à tour de rôle, les moutons en question.
Une espèce en danger
La démarche de Greensheep consiste aussi à utiliser des races peu utilisées, car moins productives. « Environ 95 % des races d’animaux domestiqués ont disparu. Les producteurs ont voulu celles qui produisent le plus. » Ainsi en est-il des moutons d’Ouessant. C’est donc la protection de la biodiversité qui est en jeu avec des initiatives de ce type.
Les moutons choisis ne pourraient pas vraiment produire beaucoup de viande, mais ils ont d’autres qualités. « Ils font leur vie, ils se débrouillent. Les moutons d’élevage modernes ne sont pas faits pour ça. Ils tombent plus souvent malades. »
La seule chose qu’ils pourraient fournir en qualité relativement intéressante, ce serait la laine. Hélas, « on cherche des débouchés, mais il n’y a pas de demande en Europe », car l’industrie du textile a depuis longtemps, en grande partie, quitté le pays.



