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Le Département refuse-t-il d'ouvrir un centre d'accueil pour migrants mineurs à Rouen ?

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Âgés de 14 à 16 ans, ces jeunes migrants guinéens pris en charge par des associations assurent dormir dans la rue depuis leur arrivée à Rouen (Seine-Maritime) en janvier.

Âgés de 14 à 16 ans, ces jeunes migrants guinéens pris en charge par des associations assurent dormir dans la rue depuis leur arrivée à Rouen (Seine-Maritime), en janvier. (©Mathieu Normand/76actu)

Le bras de fer continue entre les associations d’aide aux migrants de Rouen et le Département de Seine-Maritime. Réunis jeudi 31 janvier 2019, le réseau solidarité migrant·e·s (RSM) et Médecins sans frontières ont dénoncé l’annulation de l’ouverture d’un centre d’accueil d’urgence pour les mineurs étrangers.

D’après ces acteurs associatifs, le Département de Seine-Maritime se serait rétracté alors que la structure était prête à accueillir ces exilés. De son côté, la collectivité affirme que l’ouverture de ce centre est toujours en discussion, mais se trouve pour l’instant repoussée.

LIRE AUSSI : Des mineurs étrangers affluent chaque jour à Rouen : « Je ne croyais pas survivre »

« Pas de saturation » du dispositif d’accueil

Des échanges ont eu lieu entre le Département, la Ville de Rouen, le comité d’action et de promotion sociale (Caps), la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) et le collège Edouard-Branly de Petit-Quevilly afin d’installer ce dispositif d’accueil d’urgence d’une cinquantaine de places dans le gymnase de l’établissement scolaire.

Près d’une trentaine d’accompagnants sociaux du Caps étaient même mobilisés pour ce projet, assure Kévin-Emeric Théry, membre de RSM : « Du matériel avait été acheté pour la restauration, le couchage, tout était prêt et, vendredi (25 janvier, ndlr), le Département décide de tout arrêter. »

Le Département, de son côté, confirme que des investissements ont bien été réalisés. La collectivité assure avoir « entamé les démarches nécessaires » pour l’ouverture de ce lieu d’accueil en accord avec la préfecture, qui est en charge du plan d’urgence hivernale. Mais d’après le cabinet du président du Département, ce dispositif n’est pas abandonné :

Deux formalités restent à remplir : le passage de la commission de sécurité et l’avis du conseil d’administration du collège. C’est en cours. Une autre condition entre en compte. Les mineurs sont redirigés vers le dispositif d’État. On est en relation avec les services de l’État et on n’a pas eu connaissance d’une saturation.

LIRE AUSSI : Mineurs isolés étrangers dans l’agglo de Rouen : les associations tirent la sonnette d’alarme

Des jeunes migrants à la rue

En clair, tant que le dispositif en place est jugé suffisant, le centre d’accueil d’urgence n’ouvrira pas. Pour la collectivité, il n’y a donc aucun mineur dans la rue. De leur côté, les associations assurent le contraire. Ce n’est pas la première fois qu’elles montent au créneau. Et cette fois encore, l’examen de minorité constitue un des nœuds du problème. Tant qu’ils ne l’ont pas effectué, les migrants ne sont pas considérés comme mineurs par l’État.

Trois Guinéens de 14, 15 et 16 ans bénéficiant de l’aide de Médecins du monde et RSM, rencontrés le 31 janvier, affirment être dans ce cas. Tous trois dorment à la rue depuis leur arrivée à Rouen en janvier. Ils ont réitéré leur demande d’examen quotidiennement depuis.

Ces mineurs se rendent dans les locaux des associations en journée. Le soir venu certains empruntent les transports en commun pour échapper au froid, avant de se résoudre à dormir dehors. « J’ai essayé d’aller au centre Graindor, mais c’est pour les adultes, raconte l’un d’eux. Certains boivent. Je me suis fait voler mon portable là-bas, ce qui a empiré ma situation. »

Besoin de concertation

« Sur les dernières évaluations réalisées, les trois-quarts des personnes sont déclarées majeures », souligne le Département pour expliquer la non prise en charge de ces migrants « en attente ». Pour l’adjoint communiste au maire de Rouen Manuel Labbé, le Département se repose sur le réseau associatif pour gérer cette situation et rester dans « l’illégalité« . La situation devient urgente selon RSM. L’association aide et accueille actuellement 103 jeunes. « Nous sommes complètement débordés », déplore Florence Capron.

L’impossibilité pour ces jeunes « d’accéder aux soins » inquiète aussi Bernard Vigier, de Médecins du monde. Il souhaite qu’associations et autorités puissent travailler en commun :

On voit bien que nos actions coup-de-poing changent la donne, puis que la situation redevient la même peu après. Nous ne disons pas que le Département ne fait rien, mais il y a un vrai besoin de concertation avec l’État et le Département pour améliorer les choses.

Si la situation n’évolue pas, RSM n’exclue pas de mener une nouvelle action, comme l’indique Kévin-Emeric Théry : « Ce sont des enfants à la rue !  Si on n’ouvre pas ces locaux, que va-t-il se passer ? Va-t-on devoir nous-mêmes en réquisitionner un, comme nous l’avons déjà fait par le passé ? »

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Les membres de Réseau solidarité migrants et Médecins du monde espèrent une concertation avec le Département et les services de l'Etat. Leurs capacités d'accompagnement sont arrivées à saturation.

Les membres de Réseau solidarité migrant·e·s et Médecins du monde espèrent une concertation avec le Département et les services de l’Etat. Leurs capacités d’accompagnement sont arrivées à saturation. (©Mathieu Normand/76actu)


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