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Face au cri d'alarme des soignants aux urgences du Havre, les élus demandent plus de moyens à l'ARS

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Une vingtaine de soignants des urgences du groupe hospitalier Jacques Monod ont investi le conseil municipal, lundi 28 janvier 2019.

Une vingtaine de soignants des urgences du groupe hospitalier Jacques Monod ont investi le conseil municipal, lundi 28 janvier 2019. (©M-B/76 actu)

Un véritable cri d’alarme. Lundi 28 janvier 2018, une vingtaine de soignants des urgences adultes du groupe hospitalier Jacques Monod ont dépeint au conseil municipal leurs « conditions de travail inacceptables. » Proposé par le groupe des élus communistes et républicains de la Ville du Havre, un vœu adopté a l’unanimité sera adressé à la directrice de l’ARS visant à obtenir des moyens supplémentaires. 

LIRE AUSSI : 14 médecins lancent un cri d’alarme : « Le risque d’accident est immense aux urgences »

« Des soignants usés, des patients en danger »

Sur les pancartes de la vingtaine de soignants présents lundi soir en début de conseil, les messages sont clairs :  « Nous sommes des soignants usés qui mettons des patients en danger », « Soigne et tais-toi »… Audrey Gibaux travaille aux urgences adultes du groupe hospitalier Jacques Monod depuis 10 ans. Elle a pris la parole au nom de tous ceux qui, depuis le samedi 19 janvier, ont entamé un mouvement de protestation en lien avec leurs conditions de travail jugées inacceptables. 

Nous en sommes aujourd’hui à redouter nos prises de quart. L’épuisement moral et physique est tel qu’un certain nombre de nos collègues ont fui le service et l’hôpital, d’autres sont en burn-out et que beaucoup d’entre nous ne trouvent plus de sens à leur métier, a insisté Audrey. 

Pour cette dernière, la situation n’est pas nouvelle : « Cela fait deux ans maintenant que nous alertons ! La fréquentation du service ne cesse de s’accroître (30 000 passages en 2012 pour 46 807 en 2018), pouvant aller jusqu’à 196 passages par jour en période de crise. Accueillir 25 patients par heure, plusieurs heures d’affilées, équivaut à renouveler entièrement un service d’hospitalisation classique toutes les heures et ce pour une seule infirmière d’accueil. » 

LIRE AUSSI : Au Havre, les « Perchés » de l’hôpital Janet à nouveau inquiets du manque de moyen en psychiatrie

Le conseil demande plus de moyens à l’ARS

Ce sera un des seuls points du conseil municipal au Havre (Seine-Maritime) qui aura abouti à une unanimité absolue. Le vœu formulé par le groupe des élus communistes et républicains et rapporté par Nathalie Nail indique ainsi : 

Le conseil municipal du Havre demande à Mme la directrice de l’ARS (Agence Régionale de la Santé) de débloquer ou d’obtenir des crédits nécessaires au fonctionnement du service des urgences dans les meilleurs délais. 

Luc Lemonnier, le maire, après lecture du texte, a indiqué : « Mme Nail a bien exprimé la situation difficile. Je n’ai pas de problème à voter pour ce vœu. » L’ensemble du conseil a également suivi. Et une rencontre aura lieu entre le maire et une délégation syndicale du groupe hospitalier, mercredi 30 janvier. À noter qu’à Montivilliers, une commune qui jouxte Le Havre, les élus également en réunion de conseil ce même jour ont également voté ce vœu.  

L’ARS bien consciente du problème des urgences

Interrogée, mardi 29 janvier, sur le sujet des urgences du Havre, la directrice de l’Agence Régionale de la Santé a souligné : « Je n’ai pas eu d’alerte particulière sur la situation du Havre. » Elle a toutefois indiqué que le mal-être aux urgences concernait une bonne partie du territoire de la Normandie et qu’elle était en accord avec ce qui a été décrit dans la tribune du Monde.

 Trop de patients n’ont rien à faire aux urgences, c’est pour ça que nous faisons en sorte d’améliorer l’aval avec le 116 117 notamment. 

« Une situation tendue mais maîtrisée »

La direction de Jacques Monod a quant à elle indiqué : « Les urgences adultes sur Le Havre ont effectivement connu quelques remous et aujourd’hui la situation est tendue, mais maîtrisée. » Et de soutenir un renforcement du nombre de postes. 

L’équipe de 80 personnes a été renforcée par deux aides-soignantes et une infirmière. Les remplacements de tous les personnels en absence longue durée ont été assurés et des renforts en brancardage ont également été accordés. Les infirmières ont également bénéficié d’une formation à la prévention des situations de violence à l’accueil, des orientations aux urgences et des urgences vitales. Enfin, l’amélioration du matériel est également en cours, a indiqué la direction.

Mais selon Audrey Gibaux : « 3,3 équivalents temps plein ont effectivement été accordés. Notre nouveau directeur Mr Trelcat, que nous avons rencontré, nous octroie 3 ETP supplémentaires pour l’année 2019 et un plan d’embauches pour 2020 et 2021. Sa réponse ne nous satisfait pas dans la mesure où il nous faudrait rapidement 16 ETP au total ! »

Un mouvement de grève lié à un appel national a été observé lundi 28 janvier, « le taux de participation a été faible : 2,8 % dans notre établissement », a indiqué la direction. 

Pour Audrey Gibaux : « Ce taux s’explique très bien, on a un tel turn-over… Beaucoup de contractuels travaillent actuellement à Monod, on ne va pas leur demander de faire grève. » 


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