
Une centaine de lycéens et professeurs du lycée Marcel-Sembat, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) se sont mobilisés jeudi 17 janvier 2019, pour réclamer l’ouverture de deux spécialités littéraires dans leur lycée. (©SL/76actu)
« Nous aussi on aime lire. » Le slogan, imprimé sur des feuilles tenues par des professeurs du lycée Marcel-Sembat, a été accompagné de livres brandis par les lycéens, jeudi 17 janvier 2019. Ils se sont rassemblés à la récréation devant l’établissement de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), pour réclamer deux spécialités littéraires à la rentrée 2019, pour l’instant refusées par le rectorat de Rouen, où une délégation sera reçue.
Il manque deux spécialités au lycée Marcel-Sembat
La mobilisation de la centaine de lycéens et professeurs est liée à la réforme du baccalauréat engagée par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Elle prévoit la suppression des filières existantes, remplacées par 12 spécialités. Chaque lycée doit proposer sept spécialités de bases pour que les élèves en choisissent trois. À Sembat, « nous n’avons que cinq spécialités », déplore Annabelle, professeure de français.
Sa matière est au cœur de la mobilisation de jeudi matin. En décembre, la direction du lycée a réalisé un sondage auprès des élèves de seconde, pour qu’ils expriment leurs vœux. « Vingt-neuf élèves veulent faire ‘lettres, humanités, philosophie’ et 61 ‘langues, littératures, cultures étrangères’ sur environ 300 élèves », explique un autre enseignant. « Donc ces élèves devront renoncer à leur vœu ou changer de lycée. »
"Nous aussi on aime lire", c'est le slogan des lycéens et profs du lycée Marcel-Sembat, près de #Rouen. Ils réclament une spé littéraire dans le cadre de la réforme du bac, pour l'instant refusée par le rectorat. pic.twitter.com/nYzWaKtg4Z
— simon louvet (@LouvetSimon) January 17, 2019
« L’inégalité est toujours là, au même endroit »
Pour le corps enseignant, la réputation de lycée scientifique de Marcel-Sembat joue pour beaucoup : « On va rester sur l’existant, enfermés dans une spécialité, c’est ce que la réforme promet », pointe Annabelle. Le ministère, déjà mis en défaut sur ces questions, a trouvé une parade : que les élèves puissent suivre les cours d’une spécialité dans un lycée proche ou via le Centre national d’enseignement à distance.
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Une « bonne grosse galère », estime un lycéen. Ce que comprend Annabelle : « Ils auront des contraintes plus lourdes, sous prétexte qu’en zone urbaine on est plus mobile. Mais l’inégalité est toujours là, elle reste au même endroit. Rive droite, il y a toutes les spécialités et chez nous, bizarrement, ce n’est pas possible. » Sur la rive-droite, « tous les lycées ont au moins huit spécialités ».
Une situation inacceptable pour les professeurs mobilisés, mais pas grévistes. Une délégation venue du lycée de la rive gauche va être reçue, jeudi à 18h30, au rectorat. « Si nous n’obtenons pas gain de cause, nous envisageons la grève. » Le rectorat, contacté, n’a pas répondu à nos sollicitations.