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Fresnay-sur-Sarthe : André Quinton, ancien Déporté, nous a quittés

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Lors de la médaille de la ville de Fresnay en 2017

Lors de la médaille de la ville de Fresnay en 2017

 

Né à Assé-le-Boisne le 4 novembre 1925, il était le quatrième garçon d’une fratrie de 7 enfants, 4 garçons et 3 filles. Son père Jean-Baptiste Quinton était tailleur à Assé-le-Boisne et sa mère Marie-Louise Fleury, la fille du propriétaire de l’atelier, était culottière.

Après des études primaires à l’école du village, située à 50 mètres de sa maison, sous la férule de Marcel Demelle et après l’obtention de son certificat d’études, il entamait un apprentissage chez M. Paillard, le boucher du village, pour y apprendre le métier de boucher-charcutier.

À la mort de son patron en 1942 il a continué à faire fonctionner le commerce en assurant l’abattage des bêtes et la préparation de la viande et des différents produits de charcuterie. Fin 1943, à 18 ans, il a dû quitter la boucherie, se cachant dans des fermes pour échapper au STO. (Service du Travail Obligatoire), après s’être engagé en 1942 dans la résistance.

Résistance

Dans ce réseau où opéraient son père, des voisins agriculteurs et l’instituteur, il a signé un engagement officiel dans les forces françaises de l’intérieur avec le grade de sous-lieutenant et affecté au BOA (Bureau des Opérations Aériennes) dans le réseau « Haine et Ouragan » chargé de préparer dans le bocage des communes de Montreuil-le-Chétif, Mont- Saint-Jean, Sougé-le-Ganelon et Assé-le-Boisne des terrains pour le parachutage de containers d’armes, de matériels, d’argent pour une distribution vers différents groupes de résistants en France, ainsi que l’atterrissage d’avions pour l’entrée clandestine de résistants.

Dénoncé

Il a participé aux activités du réseau jusqu’en avril 1944 où, sur dénonciation, de nombreux membres du réseau ont été arrêtés, après une opération de parachutage, par la Gestapo accompagnée de la milice. Les membres du réseau qui n’avaient pu s’échapper avaient été regroupés à l’école d’Assé-le-Boisne pour un interrogatoire sommaire, puis conduits au Mans pour y être enfermés à la prison des Archives. Après plusieurs jours d’interrogatoires musclés sans obtenir de renseignements importants, ils étaient transférés à Paris, puis à Compiègne pour être emmenés en Allemagne.

Pendu ?

Tous les hommes enfermés dans ces wagons à bestiaux ne sont pas arrivés vivants à Neuengamme, premier camp où ils ont été enfermés. Une partie des membres du réseau, dont le père d’André Quinton et son instituteur, sont restés à Neuengamme tandis que lui partait pour le camp de Sachsenhausen dans la banlieue de Berlin, pour être ensuite affecté au Commando de Falkense pour travailler dans une usine de fabrication de chars, à l’atelier de finition des fusées de roues de chars, mais comme il ne connaissait rien en mécanique il avait failli être pendu pour sabotage.

Ayant échappé de justesse à la pendaison, il rejoignait l’atelier peinture où il travaillait sous les ordres d’un vieux travailleur allemand qui partageait avec lui son repas, aidant ainsi André Quinton à survivre, lui donnant du pain qu’il partageait le soir avec ses camarades. Mais la sous-alimentation générale lui avait fait perdre plus de trente kilos.

Moins 30 kg

Son internement a duré jusqu’au 26 avril 1945 quand les troupes soviétiques progressant en Allemagne ont libéré le camp. Les soldats russes ont regroupé tous les prisonniers du camp pour faire des colonnes qui sont reparties à pied vers la Russie. Heureusement, lors d’une halte à un point de ravitaillement, une infirmière française attachée à la Croix-Rouge, les entendant parler français, a pu les extraire des colonnes et leur a fourni les moyens (laissez-passer, argent et billets de train) de regagner la France où il est arrivé en juin 1945. Il a pu regagner Assé-le-Boisne où son père l’attendait depuis plus d’un mois.

Boucher

Quelques mois après son retour, André Quinton trouvait du travail dans une boucherie parisienne pour parfaire sa formation de boucher, et après un peu plus d’un an il rentrait à Assé-le-Boisne pour y poser sa valise et chercher du travail à Fresnay.

Après plusieurs emplois, il trouvait une place stable chez M. Bourgeteau, boucher rue Bailleul, devenant rapidement le premier commis, et en 1948, il épousait la fille du boulanger de la rue Bailleul, Geneviève.

De leur union naissait le 21 janvier 1949, leur fils Gérard et en 1952, il rachetait la petite charcuterie de la rue de la Paneterie en bas de la Basse-cour. Il travaillait dur pour augmenter le chiffre d’affaires de son entreprise, en assurant les tournées plusieurs jours par semaine dans les villages du canton qui n’avaient pas de charcuterie et dans les fermes. Au moment où le commerce fonctionnait bien, sa femme le quittait, en lui laissant son fils.

À Paris

C’est au cours de ses tournées en 1957 qu’André Quinton a rencontré celle qui allait devenir sa seconde épouse en juin 1960. Mais celle-ci travaillant en banlieue parisienne, au magasin militaire d’habillement d’Issy-les-Moulineaux, ne voulait pas quitter son travail pour s’installer à Fresnay et elle n’était pas du tout commerçante.

M. Quinton décidait alors de vendre son fonds de commerce et en 1958, il proposait à Marcel Gallier de racheter la charcuterie à un prix très raisonnable, ce commerce fonctionne toujours sous la direction de Pierre Gallier, le fils de Marcel.

André Quinton a donc quitté Fresnay pour Paris pour y être engagé sur un emploi réservé au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, boulevard Lefebvre.

À Fresnay

En 1961, il était décoré, chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur et élevé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur en 1962.

Ne souhaitant pas rester en région parisienne, il décidait de faire construire une maison à Fresnay pour préparer sa retraite, une retraite prise en 1975.et il emménageait à Fresnay en 1976.

Jusqu’en janvier 2015 lui et sa femme ont pu profiter de leur maison de Fresnay, année où leur état de santé a nécessité une entrée à l’EHPAD de Fresnay.

Pendant son séjour en région parisienne, André Quinton, dans le cadre de l’ADIF (Association des Déportés Internés et Famillesde disparus), s’est occupé de ses anciens camarades de déportation et leur a fait obtenir une pension d’invalidité, une retraite d’ancien combattant et des propositions de décoration dans l’ordre de la Légion d’Honneur.


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