Valérie-Anne Coston n’en est pas à son premier documentaire. Cette Briarde en a en effet produit près d’une soixantaine depuis le début de sa carrière. Pourtant, le tout dernier, Après l’attentat, restera gravé dans sa mémoire, « un peu plus que les autres ». Et pour cause, celui-ci se concentre sur l’évolution du statut des victimes des attentats ; depuis ceux de la rue Marbeuf et de la rue Cardinet en 1982 jusqu’aux drames de Paris le 13 novembre 2015, en passant par ceux du RER B de Saint-Michel et Port-Royal en 1995 et 1996 ou encore le collège-lycée juif Ozar Hatorah en mars 2012.
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C’est impossible de ne pas avoir d’empathie.
« C’est impossible de ne pas ressentir d’empathie face à ces gens que nous avons interrogés. On se prend toute leur douleur en pleine face et un lien se tisse immédiatement », confie-t-elle. Pourtant, Valérie-Anne Coston a déjà été confrontée aux témoignages traumatologiques. C’était lors d’un précédent documentaire, quand elle travaillait à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) et qu’elle avait recueilli 115 témoignages de rescapés de la Shoah…
Réalisé par son ami Sylvain Desmille, Après l’attentat est produit par Le Champ des Possibles PME, la société de production briarde de Valérie-Anne Coston. Sa spécificité : sans commentaire, il donne la parole aux victimes pour les mettre en avant et ainsi comprendre la reconstruction psychologique, physique, financière et la prise en charge juridique qui succède aux attentats.
Évolution du statut de victimes d’attentats
Tout a commencé le 13 novembre 2015, le soir même des attentats à Paris qui ont fait 130 morts. « J’ai eu Sylvain au téléphone qui m’a informé des tristes événements, se souvient-elle. Rapidement, il s’est interrogé sur l’évolution du statut des victimes ». Leur décision est ensuite prise le lendemain : ils feront ensemble – comme ils l’avaient auparavant fait pour Le jour où la terre s’arrêta – 1962, la crise des missiles de Cuba - un documentaire dont le point central sera ceux qui ont été frappés, de près où de loin, physiquement ou non, par les attentats.
Le film propose donc 17 témoignages, tous différents les uns des autres. Le 13 novembre 2015 sert de point d’entrée du documentaire, mais n’occupe pas une place centrale aux dépens des autres drames.
Ils ont une force de vie incroyable.
« Curieusement, on en retire une grande leçon face à ces hommes et ces femmes qui ont une force de vie incroyable malgré ce qu’ils ont traversé. Certains ressentent de la culpabilité, d’autres de l’impuissance, mais ils savent être positifs, ils sont combatifs, altruistes. Souvent, ils considèrent qu’il y a pire qu’eux », détaille Valérie-Anne Coston. Et d’ajouter : « Les sentiments sont là, mais on ne voulait pas faire dans le pathos ou dans l’intime. Dès qu’une victime craquait, on coupait la caméra et ce n’est pas dans le documentaire. On ne voulait pas tomber dans le voyeurisme comme c’est souvent le cas à la télévision. »
Diffusion sur LCP-Assemblée nationale
Au bout du compte, ce reportage rend compte d’une réalité : malgré un terme générique qui les rassemble tous, les victimes d’attentats ne vivent pas la même expérience. « Chacune d’entre elles mériterait même un documentaire », assure la Briarde. Elle estime d’ailleurs que ce documentaire, « sans prétention, est utile et important, aussi bien pour la population que pour les victimes elles-mêmes qui ont besoin d’être entendues. »
La chaîne LCP-Assemblée nationale diffusera le documentaire ce soir en prime-time à 20 h 35. Il sera suivi d’un débat intitulé “Droit de suite”. Une rediffusion est prévue dans la nuit du 2 au 3 décembre à 0 h 30 à l’occasion des 20 ans de l’attentat du RER Port-Royal en 1996.
Plus d’infos sur la page Youtube du Champ des Possibles.