
Très peu de mairies encore ont mis en place un cahier de doléances. Criquebeuf-sur-Seine, le Thuit-de-l’Oison, Saint-Pierre-des-Fleurs et Saint-Pierre-lès-Elbeuf en font partie.
Ceux qui le souhaitent, le peuvent. Désormais, dans certaines mairies du Pays d’Elbeuf, des cahiers de doléances ont été mis en place. Un petit parfum de la révolution de 1789, où déjà des cahiers de doléances étaient remontés vers Paris.
Ces fameux cahiers entrent dans le cadre de la grande concertation voulue par le gouvernement. Quatre thèmes ont été fixés pour les discussions : transition écologique, fiscalité, organisation de l’État, démocratie et citoyenneté.
Certains maires ruraux ont donc déjà pris l’initiative de déposer ces cahiers ouverts à tous. C’est le cas de Criquebeuf-sur-Seine et du Thuit-de-l’Oison sur le secteur, mais aussi de Saint-Pierre-des-Fleurs.
Trois communes de l’Eure. « Au Thuit-de-l’Oison, on est très proche de nos administrés », commente le maire, Gilbert Doubet.
Ça me paraissait complètement naturel de mettre en place ce cahier. J’ai regardé chez les gilets jaunes. Il y en a qui se lèvent à 6 h 30 pour travailler à Rouen et gagner 1 200 € ou 1 300 €. Je les comprends. Ce cahier, ce n’est pas de la politique, c’est du langage commun ! »
Un cahier encore confidentiel
S’il soutient tout à fait les revendications des gilets jaunes sur le pouvoir d’achat, il condamne fermement « la casse et la violence de manière générale ». « Ce cahier, c’est pour qu’ils s’expriment. La mairie au Thuit-de-l’Oison, c’est la maison du peuple, tout le monde peut y venir. »
Il l’assure, « je le ferai remonter directement au président Macron. Sans intermédiaire. »
Pourtant, que ce soit à Criquebeuf ou au Thuit-de-l’Oison, ce cahier est inconnu. La population et les commerçants ne sont pas encore au courant. « On s’y est peut-être pris un peu tôt », concède-t-on à la mairie de Criquebeuf.
On souhaite être à l’écoute des administrés. Le maire est le premier relais des citoyens. »
« si c’est juste pour calmer la population, ce n’est pas la peine »
Mis en place depuis lundi 17 décembre dans les deux communes, son existence est souvent méconnue. Mais la plupart des habitants approuvent cette initiative. Notamment au Thuit-de-l’Oison. « C’est sûr que c’est mieux que rien du tout », pense Joël. Tout de suite suivi :
Pas sûr que ce soit très utile. Est-ce que les idées qui seront inscrites dedans seront vraiment prises en compte ? Il faut que ça soit d’intérêt général… »
Pour Yannick, le gérant du Café de la paix, en face de la mairie, c’est le même son de cloche :
Peut-être qu’un client en a parlé une fois de ce cahier. Mais sinon, je crois que personne n’est au courant. »
Pour lui, l’action est louable, car « ça donne la parole aux gens », mais, « si c’est juste pour calmer la population, ce n’est pas la peine. Il faut respecter la population », assure-t-il, en pensant notamment au référendum européen de 2005, où la décision du peuple n’avait pas été respectée.
À la suite de demandes de citoyens, les mairies de Caudebec-lès-Elbeuf et de Saint-Pierre-lès-Elbeuf ont décidé, à leur tour, de mettre un cahier de doléances en place. Il est déjà accessible à la mairie de Saint-Pierre, il faudra attendre janvier pour Caudebec.