
Le repassage des cols et coiffes de l’Aven est assuré par Charlène Francès et Joanna Maeyens. (©Côté Quimper)
Elles sont installées dans un petit local à Bannalec depuis fin novembre. Sur la table, un grand col de costume traditionnel du cercle celtique de Bénodet. Sur une plaque électrique, Charlène Francès remue une préparation d’amidon tandis que Joanna Maeyens repasse de la dentelle.
Ces deux jeunes femmes ont été recrutées et formées par la fédération War’l Leur Penn ar Bed, en tant qu’animatrices du patrimoine culturel immatériel, repasseuses, pour assurer l’entretien des parures des costumes de dix cercles celtiques du pays de l’Aven dans le Finistère (Bannalec, Bénodet, Fouesnant, Elliant, La Forêt-Fouesnant, Saint-Évarzec, Pont-Aven, Querrien, Riec-sur-Belon et Quimperlé).
Paillage
Leurs costumes féminins ont la particularité d’être constitués d’une coiffe volumineuse et d’un grand col plissé finement à l’aide de plusieurs dizaines de brins de paille. Un travail fastidieux : il faut tout une journée pour redonner forme à un seul col ! Paillage, repassage, dépaillage, amidonnage, tournage en sont les principales étapes.
Ce travail était effectué jusqu’à récemment par quelques rares personnes détentrices de ce savoir-faire qui ne s’apprend dans aucune école, rémunérées le plus souvent de la main à la main. À l’image de Christine Le Poulichet à Quimperlé, qui militait pour la professionnalisation du métier.
Financement par les collectivités
Cela a été rendu possible grâce à un montage financier de subventions des collectivités locales : communes, communautés de communes et Conseil départemental ont mis à la main à la poche pour permettre la formation de Charlène Francès et de Joanna Maeyens.
Elles ont appris le métier avec des repasseurs de l’Aven et d’autres terroirs. Elles ont assisté à des conférences, visité des musées, rencontré un collectionneur… pour parfaire leurs connaissances du costume traditionnel.
Les deux apprenties ont été embauchées en juin 2018, en CDD, 24 heures par semaine. « Mais l’objectif est de transformer leur contrat en CDI fin 2019 », assure Nicolas Kernevez, président de War’l Leur Penn ar Bed. Elles ont désormais lancé le travail. Objectif : faire en sorte que les 140 parures des cercles « clients » soient prêtes pour les festivals de l’été prochain.
Le travail des repasseuses sera rémunéré par une subvention annuelle accordée à War’l Leur par le Département (7 500 euros) et par la facture présentée aux cercles qui leur font appel (à hauteur de 23 000 euros chaque année). Les deux jeunes femmes complètent leurs revenus avec des prestations de couture sur les costumes pour l’une, d’illustration pour l’autre.
Charlène Francès et Joanna Maeyens sont ravies de leur nouveau métier : « Ce travail minutieux est presque méditatif, long mais relaxant », confie la première. « J’aime l’aspect ancien et artisanal », dit aussi la seconde.
Et de poursuivre :
L’idée de faire partie d’une chaîne de transmission d’un savoir-faire est valorisante.
Et le résultat vraiment magnifique.