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Toulouse. Il y a pile 100 ans, voici comment Latécoère a fait décoller le premier avion civil à Montaudran

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Le vol vers Barcelone du 25 décembre 1918 a ouvert la voie à bien d'autres décollages sur la piste de Montaudran à Toulouse. Ici, le décollage d’un Latécoère 28 sur la piste de Montaudran dans les années 30

Le vol vers Barcelone du 25 décembre 1918 a ouvert la voie à bien d’autres décollages sur la piste de Montaudran à Toulouse. Ici, le décollage d’un Latécoère 28 sur la piste de Montaudran dans les années 30 (©Fondation Latécoère)

Depuis les 22 et 23 décembre 2018, Toulouse a son lieu de mémoire des pionniers de l’aviation à Toulouse. Cette ouverture à cette date n’est pas un hasard. C’est en effet le 25 décembre 1918, il y a pile 100 ans, que Pierre-Georges Latécoère et son pilote René Cornemont, ont fait décoller le premier avion civil depuis les pistes de Montaudran.

D’une durée de 2h20, ce vol les a amené de Toulouse à Barcelone en Espagne. Un exploit technique qui a posé les jalons de l’histoire d’amour entre l’aéronautique et Toulouse.

Toulouse,  ville des avions pendant la Grande Guerre

Ce vol du 25 décembre 1918 n’est pas le premier vol d’un avion dans la région toulousaine qui a vu les premiers vols expérimentaux de Clément Ader dès la fin du XIXe siècle et la tenue de meetings aériens au début du XXe siècle.

Il marque en revanche les débuts de l’aviation civile alors que les avions ont pour la première fois été acteurs de la guerre entre 1914 et 1918.

Et que pendant le conflit, les femmes travaillant dans les usines de  Pierre-Georges Latécoère à Montaudran ont produit jusqu’à six avions Salmson par jour, avions destinés à survoler les champs de bataille.

LIRE AUSSI : Centenaire de l’Armistice 14-18 : comment Toulouse a vécu les dures années de la Grande Guerre

Que faire de ces avions après l’Armistice signée le 11 novembre 2018? Latécoère propose l’ouverture de lignes postales depuis Toulouse !

Un projet jugé irréalisable

Le secrétariat d’Etat à l’Aéronautique juge le projet irréalisable.

Latécoère aurait répondu : « J’ai refait tous les calculs. Ils confirment l’opinion des spécialistes. Notre idée est irréalisable. Eh bien, il ne reste plus qu’une chose à faire : la réaliser ! »

De cette phrase rapportée par Didier Daurat dans son autobiographie, découle donc ce vol de Noël sur un avion Salmson qui décolle depuis la piste de Montaudran où Latécoère a installé ses usines de production.

LIRE AUSSI : Montaudran, le berceau de l’aéronautique toulousaine

« Il est 8h30 et il gèle sur la piste de Montaudran »

Un vol qui a été raconté par Yves Marc dans deux beaux ouvrages parus aux éditions Privat :  « L’Odyssée de l’Aviation à Toulouse » et « L’Aeropostale, les Carnets de vol de Léopold ». Voici un condensé des deux récits effectué par nos soins  :

25 décembre 1918. Il est 8h30 et il gèle sur la piste de Montaudran. Alors que dans les foyers toulousains, les enfants commencent à peine à déballer les cadeaux, Pierre-Georges Latécoère, manteau de fourrure enfilé sur son costume trois pièces, grimpe dans un Salmson ronronnant en bout de piste. Myope, ce fabriquant de wagons reconverti dans l’aviation pour cause de guerre, ce dandy portant une petite moustache toujours bien taillé, aussi amoureux des belles femmes (fussent-elles mariées) que des arts et des lettres, n’a jamais eu le droit, à son grand regret, de prendre les commandes d’un avion.

« Pierre-Georges Latécoère monte sur l’escabeau préparé par un mécano et se cale tant bien que mal sur le siège arrière du Salmson, juste derrière le pilote, le capitaine René Cornemont, un des héros de la terrible guerre ».

« L’avion décolle en cahotant »

« L’avion décolle en cahotant. Cap sur Barcelone, atteinte sans encombre avec un atterrissage parfait sur l’hippodrome préparé pour l’accueillir ».

« Une cadillac décapotable attend les aviateurs. L’accueil des personnalités catalanes est courtois mais ne laisse pas entrevoir dans l’immédiat des suites à cette aventure, malgré la brillante plaidoirie de Latécoère sur l’avenir des liaisons aériennes entre la France et l’Espagne ».

L’objectif est surtout d’obtenir le droit de survoler l’Espagne et de gagner vite le Maroc où s’ouvrent des perspectives plus intéressantes.

« Au retour, Latécoère est optimiste. Il croit de plus en plus à son projet, même si autour de lui, nombreux sont ceux qui estiment qu’il tient de la folie… »

LIRE AUSSI : Récit de la formidable épopée de Latécoère, le pionnier toulousain de l’aéronautique

Un vol qui ouvre la voie à l’épopée de l’Aeropostale

Ce récit est fondateur.  Latécoère y croit et il a raison.

Dès mars 2019, il atterrit sur l’aérodrome de Rabat au Maroc après une première tentative avortée. Un voyage effectué par étapes en seulement 24 heures quand un navire met 4 jours pour arriver de Bordeaux.

En juin 1919, la ligne arrive à Saint-Louis du Sénégal. Des trajets effectués avec une bonne dose de risques puisque la compagnie perd 12 pilotes et mécaniciens navigants entre 1919 et 1922.

Mermoz, Guillaumet, Saint-Ex, pilotes de légende

Une compagnie en difficultés financières que Latécoère, alors âgé de 44 ans, revend à Marcel Bouilloux-Laffont en 1927, un banquier qui la rebaptise…L’Aeropostale, nom devenu légendaire et lié à des pilotes entrés dans la légende comme Jean Mermoz, Henri Guillaumet et Antoine de Saint-Exupéry.

Jusqu’à sa mort en 1943, l’homme qui a volé jusqu’à Barcelone à l’âge de 35 ans, n’aura de cesse de vouloir développer son entreprise industrielle. Notamment en construisant une nouvelle usine à Toulouse, du côté de Périole, qui remplace l’usine de Montaudran.

En images, les avions Latécoère sur le site de l’usine Toulouse-Montaudran entre 1917 et 1937

Une usine qui a été en partie démolie en 2018 pour laisser la place à nouveau projet immobilier alors que Latécoère a construit une nouvelle usine à l’Est de Toulouse.

 


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