Depuis ses débuts, le mouvement des gilets jaunes perturbe le commerce à Saint-Malo (archive).
Samedi 15 décembre 2018, les gilets jaunes de Saint-Malo avaient dans le collimateur les grandes surfaces. Leur mouvement a de toute façon un impact sur le commerce en général, grandes surfaces et magasins de centre-ville, même s’il reste difficile à chiffrer pour l’instant. Entretien avec le directeur de la galerie commerciale de la Madeleine à Saint-Malo.
Des actions dans les hypermarchés
Samedi 15 décembre, les gilets jaunes malouins ne sont pas restés autour des ronds points et sont allés rendre visite aux hypermarchés de Saint-Malo (Leclerc, Carrefour, Intermarché) et des alentours (Intermarché de Pleurtuit, Cora de Saint-Jouan…).
Une action rondement menée : tout au long de la journée, un cortège d’une trentaine de voitures, roulant au pas et klaxonnant, s’est rendu successivement dans les différentes enseignes.
Une fois sur place, les gilets jaunes pénétraient dans les galeries commerciales pour manifester puis se rendaient à l’intérieur des hypermarchés pour remplir des caddies d’objets divers, qu’ils laissaient ensuite devant les caisses.
Le directeur de la SA la Découverte (galeries marchandes du Carrefour de la Madeleine et de l’Intermarché de la Découverte), Bertrand de la Guéronnière, reste circonspect devant une telle action :
« A la Madeleine, ils sont arrivés vers midi. Ils ont laissé leurs voitures dans les allées, ce qui a forcément créé des difficultés pour circuler, et ils sont venus manifester dans la galerie. Ils sont rentrés dans le supermarché, ont rempli des caddies et les ont laissés aux caisses. Au bout d’une demi-heure, ils sont partis. Cela a obligé le personnel à ranger les produits. Où veut-on en venir ? Quand des gens désorganisent une entreprise, on peut comprendre que cela soit jugé moyennement drôle par leurs responsables… »
« Le mouvement pénalise les commerces physiques »
Selon lui, si les actions des gilets jaunes restent pacifistes, « on s’en prend quand même à certains pans de l’économie. Les commerçants sont visés. Certaines activités comme les hypermarchés et les banques sont un peu les boucs émissaires… »
Bertrand de la Guéronnière indique aussi que ce mouvement des gilets jaunes a une réelle incidence sur le commerce à Saint-Malo :
« Cela crée des ralentissements ou embouteillages qui provoquent chez certains l’envie de ne pas se déplacer et éloignent donc un certain nombre de clients des commerces. On constate une baisse de la fréquentation sur la fin de semaine, qui n’est pas compensée les autres jours. Les gens achètent ailleurs ou via Internet. Le mouvement pénalise bien les commerces physiques ».
Les conséquences sur les journées de samedi depuis le début du mouvement sont variables et semblent cependant diminuer : « En ce qui nous concerne, cela a commencé fort le 17 novembre, avec une baisse de fréquentation de l’ordre de 50 %. Petit à petit, on constate tout de même que de moins en moins de personnes participent au mouvement, et l’impact sur la fréquentation a aussi diminué. Samedi dernier, nous étions plutôt dans une baisse de l’ordre de 10 % ».
Difficile de savoir dès à présent l’impact sur les chiffres d’affaires. Selon le directeur de la galerie marchande :
« On le saura à la fin du mois, mais ce qui est perdu ne se rattrape pas… Et décembre est traditionnellement un mois très important, qui permet souvent de boucler correctement une année ».
« Il faut s’attendre à des défaillances »
Bertrand de la Guéronnière estime que le début d’année 2019 sera très compliqué pour les commerces les plus fragiles : ceux de centre-ville, ceux qui viennent de s’installer, qui ont d’importantes échéances à régler etc. « Il faut s’attendre à des défaillances », prédit-il.
Il s’interroge aussi sur la poursuite du mouvement des gilets jaunes. « On constate que des choses ont été exprimées. Le gouvernement a sans doute commis des maladresses, mais des mesures ont été annoncées et, personnellement, je pense qu’elles sont importantes. A un moment il faut savoir arrêter et accepter des compromis. Mais ceux qui continuent sont dans la surenchère. Aujourd’hui, j’ai du mal à faire le lien entre les actions et le mieux auquel chacun aspire ».
« Jusqu’où va-t-on aller ? »
Le directeur de la SA la Découverte constate aussi que le mouvement est suivi par de moins en moins de monde. Et il s’interroge :
« Jusqu’à quand doit-on tolérer, dans une ville comme Saint-Malo, que le visage de l’entrée de ville devienne une ZAD, réalisée par une vingtaine de personnes ? Jusqu’où va-t-on aller ? Ils sont de moins en moins nombreux, alors que les commerçants vivent une situation de plus en plus dégradée ».