
L’homme de 39 ans était notamment jugé pour violences et coups sur mineurs. (Photo d’illustration © la chronique républicaine)
Pendant 15 mois, entre 2013 et 2015, ce beau-père aux traits rigides a exercé une autorité brutale par rapport au petit peuple familial qui lui était confié. Trois mineurs, deux garçons et une fille, ont subi ses conceptions particulières de l’éducation, accompagnées de traitements rudes, violents et humiliants.
« Il m’a mis à genoux et m’a fait manger de l’herbe »
L’aîné, aujourd’hui âgé de 18 ans, a été victime de coups de pied dans le dos, de coups sur la tête avec une pendule. Ce dont il a témoigné à la barre :
Un soir, il m’a sorti de la maison pour m’obliger à me mettre à genoux et à manger de l’herbe. J’avais la honte et la colère.
L’autre garçon, 14 ans aujourd’hui, s’est soudain retrouvé pris par les aisselles, soulevé, secoué par son beau-père et balancé contre un mur. Une autre fois, l’enfant a été contraint à se déshabiller pour être traité à coups de ceinture. Le gamin a connu le martinet, les coups de pied aux fesses…
La fille, quant à elle, n’a pas échappé aux gifles, ni aux paroles de mépris du genre « T’es nulle ». « Ça fait froid dans le dos », s’est écrié Me Maro, qui plaidait pour les enfants.
« J’ai essayé le dialogue, mais ça ne marchait pas »
A la barre, l’homme a reconnu à la présidente du tribunal qu’avec les enfants, le courant ne passait pas.
C’était tendu. Je n’étais pas là souvent. Ma position de père pour trois enfants qui n’étaient pas les siens était compliquée. J’ai essayé le dialogue, mais ça ne marchait pas. Donc, j’en ai eu ras le bol, et il y a des gestes qui sont partis… Je n’ai pas eu le comportement qu’il fallait. Je ne sais pas quoi dire…
« Cela pouvait exploser au bout de 5 minutes »
La mère des gamins n’a pas échappé non plus aux violences. Pourtant, dit-elle, « au début, ça allait ». Mais, petit à petit, sa présence devenait de plus en plus rigide. Même s’il n’était là que le week-end à cause de son travail.
Avant qu’il ne rentre, fatigué et nerveux, la mère et les enfants arrangeaient la maison « au carré » pour éviter une crise. Tous vivaient dans la peur du petit détail qui allait déclencher les humiliations, les violences. Mais rien n’y faisait, comme en témoigne la maman :
Cela pouvait exploser au bout de 5 minutes, 30 secondes. Et ça pouvait durer tout le week-end.
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« Elle était devenue totalement dépendante de lui »
Petit à petit, l’homme a enfermé sa femme comme « une araignée tisse sa toile », selon l’expression de Me Maro :
Il l’a isolée, transférant la maison familiale de la vie à la zone des marais, du côté de Cretteville. Occupée à élever ses trois enfants, plus la fillette qu’elle a eue avec lui, son univers s’était rétréci, sans relations, loin de tout. Elle était devenue totalement dépendante de lui. Même lorsqu’il était absent, dans la semaine, il contrôlait la maison. À distance.
Finalement, la femme a eu le courage de s’échapper. Quand en 2016 elle s’est installée à Cherbourg, il est venu s’installer à son tour à 200 mètres d’elle. Comme l’explique Me Jean-Baptiste, l’avocate de la femme :
C’était sa chose, il n’acceptait pas qu’elle lui échappe.
Condamné à 6 mois ferme
L’homme a été condamné à une peine de 12 mois de prison, dont six avec sursis. Cette peine a été accompagnée d’une mise à l’épreuve pendant 2 ans, avec obligation de soins psychologiques, et interdiction de tout contact avec les trois enfants victimes de ses violences, et interdiction de paraître au domicile de la mère des enfants. Il faudra aussi trouver un accord pour son droit de visite à sa fille.
À la mère sont octroyés des dommages et intérêts à hauteur de 500 euros pour les sévices qu’elle a subis. Il devra également dédommager chaque enfant à hauteur de 1 500 euros.