
De gauche à droite : Aimée 90 ans, Berthe 92 ans, Marie-Louise 95 ans et Emilie 98 ans. (©La Presse de la Manche)
Emilie, 98 ans, habite Cherbourg, Marie-Louise, 95 ans, est à Pierreville, Berthe, 92 ans, vit à Saint-Germain-le-Gaillard, et Aimée, 90 ans, à Surtainville. Elles sont quatre sœurs de la fratrie Quesneville, qui comptait six enfants. Malheureusement, leurs deux frères Emile et Louis sont décédés.
Mireille, la fille de Berthe, a récemment réuni sa mère et ses tantes.
Je souhaitais rassembler les quatre sœurs avec leurs enfants autour d’un goûter. »
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Elles se téléphonent tous les jours
Les quatre sœurs sont nées à Saint-Germain-le-Gaillard où leurs parents étaient agriculteurs. Elles ont été agricultrices, sauf Emilie, qui a travaillé dans la restauration.
Elles vivent toujours à leur domicile, elles sont valides et autonomes grâce à Claude, 72 ans, qui vit chez Emilie et les conduit dans tous leurs déplacements.
Ce qui est beau également, c’est qu’elles sont entourées de leurs enfants, justement : deux filles et un garçon pour Aimée, trois filles pour Berthe, un garçon et trois filles pour Marie-Louise, et deux garçons et deux filles pour Emilie, soit dix filles et quatre garçons. En ajoutant les trois filles de leur frère Emile, cela représente une famille de femmes avec treize filles et quatre garçons.
Aujourd’hui, nous apprécions la chance d’avoir des enfants, des petits-enfants et des arrières petits-enfants proches de nous et de ne pas être malades, même si nos douleurs réduisent notre autonomie
Les sœurs sont très soudées, elles se téléphonent tous les jours, fêtent leurs anniversaires.
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Incontournable, la tradition du gigot de la Saint-Urbain !
Deux choses importantes dans l’année pour les sœurs, la Saint-Urbain de Saint-Germain-le-Gaillard, et la tradition de manger le gigot grillé et les frites que Claude va chercher sur la foire.
Et le réveillon du nouvel An qu’elles passent toutes les quatre avec Claude chez Marie-Louise.
Huit vaches pour nourrir toute la famille
Les sœurs ont encore beaucoup de mémoire, et se souviennent avec nostalgie de leurs parents agriculteurs et de la vie à la ferme familiale, dans les années 30 :
Nos parents étaient agriculteurs et propriétaires de leur ferme, ce qui permettait avec huit vaches de nourrir la famille. À cette époque où la mécanisation n’était pas développée, nous avons contribué aux travaux des champs. Nous faisions le beurre et le pain que nous cuisions au four à bois une fois par semaine. C’était agréable d’avoir du pain frais, souvent des brioches et des plats en sauce qui cuisaient en même temps que le pain. Que c’était bon ! »
Le jour de l’Épiphanie était également très attendu par toute la famille
C’était le jour des Rois. Nous marquions cette date par un repas amélioré. C’était souvent une dinde que l’on rôtissait à la cheminée et on sortait le beau service de table. »
Souvenirs de guerre
La guerre a bien évidemment aussi marqué la jeunesse des quatre sœurs, « sans que nous ayons eu à souffrir de faim ».
Un jour, le maire est venu demander à nos parents d’héberger des réfugiés. Comme nous avions des dépendances en bon état avec cheminée, elles ont été libérées pour accueillir deux familles dont une avec laquelle nous sommes restés en contact jusqu’à maintenant. »
L’arrivée des voitures, de l’électricité…
Témoins d’une époque révolutionnaires, les sœurs Quesneville ont vu arriver tout un tas de choses qui ont changé leur quotidien :
Nous avons vu arriver la première voiture à Saint-Germain. Et l’arrivée de l’électricité : nous n’avions que deux ampoules pour la maison : une dans la pièce principale et une en haut de l’escalier. L’eau n’est arrivée que beaucoup plus tard, mais nous avions la chance d’avoir un puits dans la cour mais pour laver le linge.
Ne parlons pas du matériel qui n’était que manuel, à l’exception de faucheuse et charrue tirées par les chevaux.
Au fil du temps, nous avons apprécié le confort avec les nouveaux ustensiles qui arrivaient dans nos maisons : la gazinière remplaçant le fourneau. Et bienvenue au moulin à café électrique, au fer à repasser, à la télévision qui nous tient compagnie maintenant que nous sommes seules, au congélateur, le chauffage central, sans oublier la voiture ».
De notre correspondante Claudine KEMPF