
L’argent fou de la Françafrique, L’Affaire des biens mal-acquis, Xavier Harel, Julien Sole. Editions Glénat, 96 pages, 17,50 euros. (©l’Orne hebdo)
Paris.
Septembre 2011.
La justice française saisit avenue Foch plusieurs dizaines de véhicules de luxe appartenant à Téodorin Obiang Nguema, fils aîné du président de la Guinée Équatoriale.
C’est la première action concrète d’une enquête financière ouverte cinq ans auparavant.
Une investigation tentaculaire qui a permis de mettre au jour l’incroyable fortune accumulée en France par plusieurs chefs d’états africains et leurs proches… avec la complicité de l’État français.
Les anciennes colonies françaises d’Afrique accèdent à l’indépendance, mais tous les liens ne sont pas rompus.
La France y garde des intérêts stratégiques et économiques, quitte à fermer les yeux sur certaines pratiques et sur une évidente corruption.
Mais cette corruption ne sévit pas qu’en Afrique et s’incruste jusque dans les hautes sphères gouvernementales françaises par le biais d’industriels dont le plus représentatif fut la société Elf.
Cet album de BD qui se présente sous la forme d’un reportage-documentaire est, en fait, un véritable réquisitoire.
Il dénonce des pratiques mafieuses qui gangrènent plusieurs états et contribuent à la paupérisation de millions d’hommes au profit de quelques rares privilégiés.
Alors : « tous pourris » ?
Peut-être pas mais beaucoup oublient qu’ils sont là pour servir leur pays et pas pour se servir de lui.
En 1961, dans le film « le Président », Michel Audiard faisait dire à Jean Gabin : « La Politique devrait être une vocation […]. Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier […] qui ne rapporte pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient […].Mais pour certaines grosses sociétés, c’est un placement amortissable en quatre ans ».
Près de 60 ans après ce film, quand les Gilets jaunes s’agitent, il serait peut être temps de rectifier certaines dérives.
François Membre